Les proprionymes dans trois dictionnaires de l’époque classique

Jean-Claude Boulanger (Université Laval)

1. Un carrefour de l’histoire des dictionnaires

Les projets de dictionnaires, leurs contenus et leurs réalisations dépendent étroitement de l’état des civilisations dans lesquelles ils naissent et s’insèrent. Lorsque l’on se remémore l’époque classique en matière de lexicographie, le réflexe immédiat est d’évoquer trois noms systématiquement associés dans l’esprit des chercheurs et des curieux. Dans l’ordre chronologique surgissent les œuvres de Pierre Richelet, d’Antoine Furetière et de l’Académie française. Ce n’est certes pas un hasard si ces trois dictionnaires français, puisant au même réservoir des mots classiques, paraissent en bouquet, c’est-à-dire à quelques années d’intervalle (v. Anatole, 1979 : 5). André Collinot (1985 : 13) explique ce phénomène de rapprochement par le fait que les trois dictionnaires forment un ensemble, un tout qui obéit à la règle des trois unités du théâtre classique :

Ce tout configuré trinitairement, car un dictionnaire ne va pas sans les deux autres, illustre bien que les affirmations des auteurs des trois ouvrages quant à la langue sont conditionnées, préconçues et, qu’en bout de course, elles se rejoignent. Autrement dit, elles sont le résultat d’une sélection des éléments dignes d’être reproduits tels quels ou aménagés s’ils ne sont pas conformes, d’une part, à l’idéologie classique commune —voir le Roy, la Cour, le Parlement (aussi évoqués chez les grammairiens comme Vaugelas)— et, d’autre part, à l’idéologie individuelle de Pierre Richelet et d’Antoine Furetière ainsi qu’à l’idéologie institutionnelle de l’Académie. La question est donc de savoir dans quelle(s) mesure(s) les lexicographes avaient l’entière liberté du choix des contenus de leur dictionnaire respectif, compte tenu de la situation de concentration de la lexicographie de l’époque et des opinions dominantes qui prévalaient sur la langue. Il en va de même pour les principes méthodologiques.

Du point de vue historique, ces trois dictionnaires sont à la source des courants lexico-graphiques d’aujourd’hui, car, en mettant en action « une nouvelle et puissante machine, le dictionnaire monolingue » (Rey-Debove, 1982 : 147), ils ont inauguré les deux traditions qui régnent encore. À travers l’institution académique, le dernier quart du XVIIe siècle est à l’origine d’un axe de réflexion commun sur la langue. Encouragé par le pouvoir politique —le cardinal de Richelieu lors de la fondation de l’Académie en 1635, Colbert à sa suite—, ce foyer « devait mener à une triple description du français pour lui-même, à une évacuation du latin du discours métalinguistique bilingue au profit d’une prise en charge totale du français et de la création d’un discours métalinguistique monolingue » (Rey-Debove, 1982 : 137). De plus, les trois dictionnaires sont des ouvrages synchroniques —presque tout le XVIIe siècle pour l’Académie— qui proposent la construction d’un métalangage lexical lexicographique francisé, ce qui constituait un « hardi dégagement du bilinguisme français-latin né de la conscience collective et politique d’une langue adulte et rayonnante qui prenait elle-même le relais du latin » (Rey-Debove, 1982 : 139). La mouvance autonomisée du français devenait un projet unificateur en soi. Ces dictionnaires sont aussi situés dans une démarche idéologique dont le principe orienteur consistait en une « politique qui visait à porter une langue au comble de sa gloire » (Collinot, 1985 : 13). L’honnête homme doit donc prendre conscience de la supériorité de la langue française que l’on exporte aussi hors des frontières de la France. C’est la langue aimée des « Nations les plus polies » (Richelet, 1680 : 3), la langue parlée dans « toutes les Cours de l’Europe » (Bayle, 1690 : 6), « la Langue dominante de la plus belle partie du monde » (Académie françoise, 1694 : 3). À l’interne, cet objectif est tout à fait conforme au triptyque louis-quatorzien en matière de langue : un roi patronnant une institution linguistique qui façonne un dictionnaire (v. Leca-Tsiomis, 1999 : 18). Pour parler de cet ordre qui doit régner dans la langue comme dans les lettres, Alain Rey décline l’idée ainsi : « un roi, une Académie, un dictionnaire » (1978 : 51).

Toutefois, si l’orientation idéologique globale demeure commune, certains des objectifs des auteurs sont singuliers. L’évolution du français sera interprétée différemment dans les trois produits lexicographiques. Pierre Richelet propose une entreprise rhétorique pour rendre compte d’une langue distinguée. Antoine Furetière prélude à une époque et à une épopée encyclopédiques en s’ouvrant sur l’universel, à savoir sur une langue étendue, éclatée, rendant compte du cycle ou du cercle des connaissances —comme l’indique l’étymologie du mot encyclopédie— et qui peut être diffusée dans le monde (v. Darmon, 1990). C’est dans le Dictionaire universel [...] (DU) d’Antoine Furetière que prendra naissance l’esprit encyclopédique moderne. Il se développera dans ses rééditions et chez ses successeurs, notamment les dictionnaires de Trévoux. Il atteindra son apogée dans l’immense entreprise encyclopédique de d’Alembert et Diderot au milieu du XVIIIe siècle (v. Macary, 1973 : 145). En vertu des rapports privilégiés entre l’État et l’Académie, le dictionnaire institutionnel prendra charge de cette langue d’État dans un esprit d’entreprise politique. Car c’est un fait acquis que l’Académie participe aux pouvoirs politique et intellectuel. Vouloir une langue française parfaite et définitive, c’est louer le roi qui, à son tour, louera l’Académie, car si le dictionnaire voit le Roy, il sera aussi vu du Roy (v. Brévot-Dromzée, 1996 : 132). En imposant son monument lexicographique, l’Académie impose sa langue française, elle établit sa mainmise totale sur le français. « Pour Furetière, en revendiquant un monopole sur la langue, l’Académie, au nom du Roi, usurpe la place de l’universel. » (Darmon, 1990 : 15)

Par delà leur destinée commune, ces dictionnaires ont leurs spécificités maintes fois scrutées par l’entremise d’études métalexicographiques qui se sont fixées tantôt sur les textes prédictionnairiques ou d’ouverture, tantôt sur les contenus des articles, tantôt sur les deux à la fois. Une foule de thèmes ont été étudiés et ils sont maintenant bien documentés : la norme, les marques de registre, les définitions, la métalangue, etc. Nous souhaitons ajouter un volet à ce collectif de textes en nous aventurant au pays des noms propres [Npr] ou proprionymes présents dans les textes d’introduction et dans les exemples, cherchant ainsi à savoir s’ils jouent un ou des rôles déterminants dans ces aventures lexicographiques. La panoplie proprionymique disséminée dans les dictionnaires sert de référence exemplaire pour retracer les climats d’époque : état de la société, visées politiques, modes de pensée, influences culturelles, modes de construction des mots, ainsi de suite (v. Boulanger et Cormier, 2001). Qu’ils soient évoqués dans les introductions ou qu’ils apparaissent dans le texte fragmenté des articles rassemblant une suite de discours fonctionnels sans liens apparents, les proprionymes demeurent les témoins de la société du temps et des idées qui circulent dans toutes les sphères d’activités. Il s’agit ici de voir si l’hypothèse tient la route pour les œuvres classiques sélectionnées.

2. Les textes d’ouverture

Depuis que la lexicographie existe comme discipline scientifique au Moyen Âge, les dictionnaires offrent des textes d’ouverture contenant des messages de tous ordres, reliés ou non à leurs contenus. Les grands dictionnaristes médiévaux comme Papias, Osbern de Gloucester, Hugotio de Pise, Guillaume le Breton et Jean de Gênes ont senti le besoin de s’expliquer sur leur démarche respective, inaugurant ainsi les premiers chapitres des manuels de lexicographie (v. Boulanger, 2001). Dès le Dictionaire francois-latin [...] de Robert Estienne (1539), ces écrits sont proposés en français (v. le court texte d’Estienne qui ouvre son dictionnaire). Il faudra cependant attendre le XVIIe siècle pour voir la métalangue articulaire se franciser totalement. Ce n’est qu’à partir de ce moment que l’on parlera véritablement des dictionnaires monolingues.

Les introductions des dictionnaires du XVIe siècle démontrent les sentiments de grande humilité qui prévalaient dans le travail de description des premiers lexicographes qui cherchaient à donner un statut dictionnairique à la langue en train de se développer et de se nationaliser. Ces sentiments se rattachent aussi au manque d’assurance des lexicographes vis-à-vis trois éléments au moins :

À l’origine de la lexicographie française, les textes prédictionnairiques n’avaient pas, comme aujourd’hui, de visée fonctionnelle. Ils procédaient plutôt du discours d’intention. Au XVIIe siècle, ils s’inscriront souvent dans le sillage d’échanges polémiques, comme entre Antoine Furetière (dans ses factums) et l’Académie, ou idéologiques. Ils prendront plutôt la figure du manifeste que celle du texte purement informatif (v. Grimaldi, 1993 : 124).

Plus que d’une théorie de la langue, les préfaces sont le reflet d’une position des sujets-rédacteurs par rapport à la langue, position souvent contradictoire avec le corps de l’objet, censé combler le lecteur par l’inclusion d’un tout (senti, selon les époques, comme le vrai, ou le bien, ou le réel) et dont les rédacteurs savent bien qu’il est, de par la formule même de l’ouvrage, exclusion de réels et de possibles. (Mazière, 1985 : 43-44)

Au XVIIe siècle, fort de son triomphe relativement rapide sur la langue latine, le français cherchera à se fixer de manière définitive. Les temps forts de l’intervention sur la langue seront la grammaire et le dictionnaire, principalement l’œuvre de Vaugelas et le trio de dictionnaires de la fin du siècle. On verra ainsi apparaître dans les introductions quelques idées sur la norme et sur les attentes des auteurs à l’égard de l’état de la langue comme à l’égard de la langue de l’État, que les rédacteurs cherchent à capter dans leurs colonnes.

Le Dictionnaire françois [...] (DF) de Pierre Richelet est l’un des premiers répertoires lexicographiques dont les pages prédictionnairiques —signées par l’auteur lui-même— contiennent des renseignements relatifs à l’idéologie de son concepteur, à l’objet et au contenu du dictionnaire, à l’organisation macro- et microstructurelle ainsi qu’au contenu grammatical des articles. De ce dernier point de vue, l’auteur traite des rectifications de l’orthographe dans une perspective d’évolution progressiste et véritablement francisante.

La préface du dictionnaire d’Antoine Furetière est de la main de Pierre Bayle, écrivain et lui-même lexicographe; mais ce dernier n’est pas l’auteur du Dictionaire universel [...]. Il explique qu’il rédige une présentation parce qu’il s’est assuré que, si son ami Furetière, mort en 1688, « avoit vécu jusques à cette heure, il auroit mis une Preface à la tête de son Dictionaire » (Bayle, 1690 : 1). Bayle retrace l’aventure du Furetière plus qu’il n’en décrit le contenu et la méthode. Il situe cependant le projet furetiérien dans l’histoire du genre tout en rappelant quelques évènements de la vie de l’abbé de Chalivoy. Il livre aussi un très bel exposé sur le dictionnaire de l’Académie, sur ses objectifs littéraires et institutionnels. Demeuré anonyme pendant un certain temps, le texte baylien fut l’occasion pour le préfacier de conduire « une réflexion sur la conception même du Dictionnaire universel et sur le caractère profondément novateur de celui qu’il présentait » (Leca-Tsiomis, 1999 : 23).

La préface du Dictionnaire de l’Académie françoise (DAF) est l’œuvre de François Charpentier. Du moins, il en a la paternité partielle, d’autres académiciens ayant pu intervenir, comme François Séraphin des Marais ou Régnier-Desmarais (v. Brévot-Dromzée, 1996 : 132). Au moment de l’impression du dictionnaire, Charpentier aurait substitué sa préface à celle préparée par Desmarais (v. Benhamou, Roucher et Buffin, 1997 : 20). André Collinot (1985 : 17) indique que le texte académique est de Jean Baptiste Henri du Trousset de Valincour; il reprend cette idée dans le livre qu’il publie quelques années plus tard avec Francine Mazière (1997 : 23). Mais Valincour(t) ne sera élu à l’Académie qu’en 1699!

3. Le maillage des proprionymes dans les textes prédictionnairiques

Les dictionnaires du corpus renferment différents types de textes introductifs.

D’autres types de textes sont également présents, comme une liste d’auteurs, une liste de livres dépouillés et des remarques... chez Richelet, la nomenclature des académiciens et une liste des abréviations dans le DAF. Mais nous ignorerons ces données ainsi que les privilèges du DAF et du DU, ce dernier privilège étant rédigé en néerlandais. Ces textes ne contiennent pas d’éléments pertinents pour la recherche proposée ici.

On peut se demander si les noms propres ou proprialisés —à savoir élevés au statut de noms propres, comme Roy, Parlement— qui sont utilisés dans les écrits prédictionnairiques caractérisent un dictionnaire; s’il est possible d’identifier un dictionnaire à la seule nomenclature des proprionymes qui sont mentionnés dans son introduction. En outre, il s’agit de voir si les noms propres des répertoires de notre échantillon forment un réseau qui permettrait d’établir une filiation entre les trois ouvrages.

3.1. Le Dictionnaire françois [...] de Richelet

Dans l’adresse au prince Ferdinand, dix noms propres ou proprialisés différents apparaissent : Auguste, Empire (deux fois), Europe, France, Horace, Iesus-Christ, Muses (deux fois), Parnasse, Romains (deux fois), Virgile (v. annexe 1, section 1.1.). L’auteur fait référence à l’Antiquité classique politique (Auguste, Empire, Romains) et littéraire (Horace, Parnasse, Muses, Virgile) de même qu’au monde contemporain (Europe, France) et à la religion (Iesus-Christ). Richelet s’associe encore profondément à l’Antiquité, surtout au monde romain : sept des dix noms y renvoient. Le français est toujours perçu dans ses relations étroites avec le latin, et sa mécanique de description en dépend encore passablement. Le passé garantit l’œuvre du présent sous les sceaux romain et religieux.

Si Richelet fait œuvre historique dans l’adresse, ce qui est normal, dans son Avertissement le ton est tout autre : le rédacteur est résolument synchronique et français. Il ne mentionne en fait que deux noms identifiant les principaux artisans qui l’ont aidé à réaliser son dictionnaire. Il s’agit de Nicolas Perrot d’Ablancourt (deux occurrences sous la forme Monsieur d’Ablancourt), l’historien académicien qui fut « l’un des excellens Esprits & des meilleurs Ecrivains de son siécle » (Richelet, 1680 : 9) et d’Olivier Patru (sous la forme Monsieur Patru), avocat et académicien, et sans doute le principal rédacteur du dictionnaire. Les noms Tucidide et Marmol sont également cités, mais ils font partie du titre des livres de Patru. Richelet remercie abondamment les deux académiciens de leurs précieux conseils. Sans la nommer, il fait également allusion à l’Académie française qui peine sur son dictionnaire depuis 43 ans. Le préfacier se concentre donc sur ses collaborateurs et sur le contenu linguistique de son livre dont il présente les différentes facettes.

3.2 Le Dictionnaire universel [...] de Furetière

Pierre Bayle raconte l’histoire périphérique du Furetière plus qu’il ne s’arrête sur son contenu et sur les principes de rédaction. Il situe l’œuvre dans l’évolution du genre et il distingue bien les ouvrages traitant des mots de ceux qui abordent simultanément les mots et les choses. Il compare la faisabilité des dictionnaires des langues anciennes avec celle des dictionnaires des langues vivantes. À son dire, il est difficile de recenser tous les mots grecs et latins de l’Antiquité. L’absence de certains mots dans les dépouillements —emplois oraux, spécialisés, familiers, etc.— s’explique par le manque de sources écrites. En ce qui a trait aux mots des langues vivantes comme le français, « il s’ensuit que quand on s’en veut donner la peine avec les talens requis pour cela, on peut faire des Dictionaires qui les representent dans toute leur étenduë » (Bayle, 1690 : 5).

Les projets « universels » dans le Furetière sont un gisement pour observer les noms propres. Ceux-ci montrent en effet le caractère « universel » de la langue française bien avant Rivarol. Ils apparaissent en grand nombre dans le texte de présentation, certains revenant même à plusieurs occasions : Furetière est mentionné une dizaine de fois, l’Académie une vingtaine de fois, sous divers noms : Académie, Académie Françoise, Compagnie, Illustre Compagnie. Pierre Bayle cite un total de 70 noms, la plupart étant des noms propres naturels, quelques-uns étant proprialisés, comme Roy, Palais, Parlemens... On peut les regrouper en sept catégories (v. annexe 1, section 1.2.) :

  1. L’Antiquité : 19 noms → Aristote, Empire Romain, Galien, Mercure, Platon, Plutarque...
  2. Les institutions : 9 noms → Académie della Crusca, Academie Françoise, Palais, S. Pierre du Vatican...
  3. Les lexicographes : 8 (10) noms → Calepin, Mr. Du Cange, Henry Estienne, Robert Estienne, Mr. Furetiere (ainsi que les variantes Mr. l’Abbé Furetiere, Antoine Furetiere), Joannes de Janua, Papias, Ugotion
  4. Les toponymes : 11 noms → Abbaye de Chalivoy, Abbaye de St. Germain des Prez, Angleterre, Bourges, Europe, France, Hollande, Paris, Pays-Bas, Prieuré de Chuines, Rome
  5. La royauté : 4 noms → Anne de Boulen, Charles-Quint, Henry VIII, Roy
  6. Les contemporains : 3 noms → Cardinal de Richelieu, Mr. de la Fontaine, Vaugelas
  7. Divers : 14 noms → Philippe de Commines, Eglise latine, François, Froissard, Job, Joinville, Reinier Leers, Republique des Lettres, Ville-Hardoüin...

L’introduction de Pierre Bayle est un véritable cours d’histoire des civilisations. L’auteur rattache le fil des contemporains (Du Cange, la Fontaine, Richelieu, Vaugelas) aux époques antérieures, proches ou plus ou moins lointaines : la Renaissance (Calepin, Robert Estienne), le Moyen Âge (Froissard, Joannes de Janua, Joinville, Papias, Ugotion), l’Antiquité gréco-romaine (Aristote, Galien, Platon, Plutarque). Fidèle au dessein de Furetière, il fait preuve d’un « universalisme temporel ». Il n’oublie pas les institutions politiques (Conseil d’État, Palais, Parlemens), religieuses (Eglise latine, S. Pierre du Vatican) et littéraires/linguistiques (Academie della Crusca, Academie Françoise). Il fait aussi une excursion dans quelques pays d’Europe (Angleterre, France, Hollande/Pays-Bas), question d’affirmer son « universalisme géographique ».

Il faut rappeler que Pierre Bayle produit un texte personnel d’hommage à un autre texte qui n’est pas le sien, mais celui de son ami Antoine Furetière. Il est moins intimiste que Richelet et moins autocontemplateur que l’Académie. La perspective est historique et diachronique; le préfacier replace le travail de Furetière dans un contexte d’évolution de la société française. Il prélude au concept d’« universalité » qui s’épanouira dans toute son envergure au XVIIIe siècle.

3.3. Le Dictionnaire de l’Académie françoise

Dans l’épître Au Roy, l’auteur centre naturellement ses propos sur Louis XIV qui est successivement désigné par les appellations proprialisées Sire, Personne, Regne, auguste Nom, Puissance, Vostre Majesté. Louis XIV figure aussi parmi les grands Rois et Heros de l’Histoire. Le texte contient également des allusions à l’Antiquité (Grecs, Romains) et fait référence à l’Europe, aux Cours de l’Europe, à la France, sans oublier le Ciel et l’Académie Françoise. Au total, 15 formes différentes apparaissent dans ce texte (v. annexe 1, section 1.3.)

Si l’introduction du Furetière est universaliste, les propos introductifs du DAF prennent une allure institutionnaliste, tous convergeant vers un foyer unique, l’Académie et ses projets à l’égard de la langue. Ce corps constitué est mentionné directement sous divers noms : Académie Françoise (1 fois), Compagnie (6 fois), Académie/Academie (27 fois). Dans la préface, on dénombre un total de 34 autoréférences à l’institution. Outre l’institution elle-même, le préfacier cite quelques noms de personnages-clés qui y sont associés (Cardinal de Richelieu/Monsieur le Cardinal, Monsieur le Chancelier Seguier/Monsieur le Chancelier, M. de Vaugelas) ou qui appartiennent au monde politique (Roy, Colbert). Le cortège des noms atteint le total de 30 (v. annexe 1, section 1.3.).

L’auteur associe également l’Académie aux grands travaux de la réforme carolingienne (Charlemagne), observation qui sert de passerelle pour remonter à l’Antiquité, plusieurs références établissant ce lien essentiel : Aristote, Aulugelle, Jule Cesar, Ciceron, Demosthene, Romains, Servius, Rome... Les références au monde contemporain sont quasi absentes, ce qui permet d’inférer que, malgré l’état de langue défendu, on a affaire à une synchronie décalée dans le temps, tournée vers le passé. En réalité, l’institution académique défend une langue épurée, figée avant le milieu du siècle.

Tout part du Roy, principe d’unité, de rassemblement accepté pour aboutir à son alter ego en langue, l’Académie, la Compagnie étant elle-même une émanation du Roy et ramenant sans cesse à lui. Une trentaine de noms propres suffisent pour établir ce protocole habile : un roi, une institution, un héritage antique, témoignant d’une langue faite et ayant atteint son plus haut degré de perfection, le corollaire de ce discours étant justement de prouver qu’on ne voudrait pas qu’elle soit tout à fait autonome par rapport au latin. Le refus des rectifications orthographiques montre qu’on ne souhaite pas rompre avec le passé. Des trois dictionnaires examinés, le DAF est celui qui défend le plus fort la dépendance du français par rapport à la langue mère des Romains. L’illusion de la souveraineté du français est parfaite.

3.4 Trois dictionnaires et un état de langue

Comme on devait s’y attendre, c’est dans le Furetière que les proprionymes sont les plus nombreux. Vient ensuite l’Académie, puis Richelet. La longueur des textes joue sans doute un rôle dans ces répartitions.

Les proprionymes illustrent que la préface de l’Académie est un texte en trois temps superposés : l’Antiquité, le Moyen Âge et le XVIIe siècle, alors que les textes du Richelet et du Furetière sont linéaires, c’est-à-dire que les ouvrages envisagent une langue déjà autonome par rapport au latin. L’Académie se réclame de trois pouvoirs : le pouvoir politique contemporain (Cour, Louvre, Paris, Roy), le pouvoir civilisationnel de l’Antiquité (Aristote, Jule César, Ciceron, Empire Romain), le pouvoir langagier contemporain (Académie, Compagnie). Il s’agit plus d’une superposition que d’une continuité. L’Académie se justifie et elle justifie tous ses gestes; mais, curieusement, elle n’en appelle pas à Dieu, comme le font Richelet et Bayle, car il n’est pas opportun d’opposer Dieu au roi Louis XIV. Au contraire, le message est subliminal en ce sens qu’il y a identité de figures : un Roi Soleil est un dieu roi et/ou un roi dieu (v. D’Oria, 1988).

Le DAF étant chronologiquement le dernier dictionnaire de la série, son quasi-silence sur ses prédécesseurs étonne et n’étonne pas. Il est volontaire, et ses rares propos sont allusifs, comme dans l’évocation de la comparaison des difficultés à définir le mot télescope et le verbe voir (v. Académie françoise, 1694 : 6). Le terme technique fait référence au travail censément facile de Furetière; le verbe, à l’application académique.

La préface du DAF est un discours clos, bouclé sur lui-même et passéiste, alors que les propos de ses deux concurrents sont des discours ouverts sur un contenu témoin du présent dans le Richelet et incluant l’avenir dans le Furetière. Richelet dit ce qu’il a fait; Bayle, ce que Furetière a voulu faire; l’Académie, ce qu’elle n’a pas fait, interdisant ainsi tout jugement de valeur sur le contenu. Les deux premiers ouvrages proposent une lexicographie qu’on peut qualifier de positive, tandis que l’Académie se réfugie dans une sorte de lexicographie de la négation et/ou de l’absence.

Il est bien évident aussi que le choix des noms propres est conditionné par le statut et la stature des préfaciers : Richelet est l’auteur de la préface de son dictionnaire, du moins en partie, et le texte est contemporain de l’ouvrage; le DU est une œuvre faite quand Bayle l’augmente d’une préface; le texte d’ouverture du DAF est préfabriqué par rapport au dictionnaire, qui est réputé être l’œuvre collective d’une société qui possède une mainmise sur la langue. Seul Richelet est directement associé au contenu réel du dictionnaire qu’il présente. Trois préfaces, trois portraits d’auteurs et d’intentions. Pourtant, les trois textes ne vivent plus indépendamment l’un de l’autre tant l’histoire et la métalexicographie les ont imbriqués et reliés au sort du français classique. Les trois approches sont néanmoins complémentaires, et un seul dictionnaire ne saurait proposer un portrait adéquat et complet du français du XVIIe siècle. Pour obtenir une image claire et réelle de l’état de la langue, il faut superposer les trois descriptions.

4. Le maillage des proprionymes dans les articles

L’étude des noms propres et des noms proprialisés dans les articles s’est accomplie sur une tranche nomenclaturelle allant de lac à laque pour le DF, de lac à laquelle pour le DU et de lac à laquais pour le DAF. Seuls les articles complets ont été retenus. Les entrées renvois (DF : landit voir landi; DAF : lapereau voir lapin), les dérivés ou mots de la même famille (DAF : langue voir langage, languette) ainsi que les divisions des sens principaux, les locutions, les expressions ou les unités lexicales complexes placés en sous-entrées (DF : lanterne → lanterne sourde; DU : lacs → lacs d’amour) n’ont pas été conservés.

Ce toilettage fait, le nombre d’articles étudiés dans le Richelet s’élève à 101, à 125 dans le Furetière et à 44 dans le DAF. Les noms propres et les formes proprialisées n’ont été localisés que dans les exemples construits, à l’exclusion, donc, des citations dans le Richelet et des développements encyclopédiques dans le Furetière. Il n’a toutefois pas toujours été facile de distinguer les données encyclopédiques du Furetière des exemples forgés.

4.1. Le Dictionnaire françois [...] de Richelet

Les figures proprionymiques paraissent dans seulement 6 des 101 articles du Richelet, soit 5,9 % des articles. Au total, les 6 articles livrent 7 unités pertinentes (v. annexe 2, section 2.1.) :

Les données proprionymiques ne révèlent rien de particulier, sinon qu’elles sont conditionnées par des collocations (le lac de Geneve, les lamentations de Jeremie, les landes de Bourdeaux), par l’ethnocentrisme (Il est maître laiettier à Paris, Il est autant possible de fixer la langue Françoise qu’il est possible de fixer l’humeur des Français) ou par la convenance historique (l’entrée lai appelle des maîtres du genre : Alain Chartier, Molinet). La séquence d’articles intègre une entrée éponymique, langé, forme issue de melon de Langé par aphérèse de la base de l’unité complexe, puis par la lexicalisation du toponyme tourangeau Langé.

4.2. Le Dictionaire universel [...] de Furetière

Chez Furetière, la récolte proprionymique est abondante. De telles formes paraissent dans 31 des 125 articles, soit dans 24,8 % des cas, certains articles convoquant plusieurs unités : lac (10 noms propres cités), langue (12 noms propres cités). Au total, 71 noms différents figurent dans les exemples (v. annexe 2, section 2.2.). Les catégories sont les suivantes :

L’universalité du Furetière est manifeste, surtout dans l’évocation des toponymes. Il énumère plusieurs noms de pays, villes et lieux d’Europe (Angleterre, France, Suisse; Bordeaux, Orléans, Rome; Chasteau de Meudon, lac de Geneve), du Proche Orient (Damas, Galilée; lac de Gennasareth, Mer Morte), d’Asie (Corée, Inde), d’Afrique, etc. Dans ce segment nomenclaturel, seule l’Amérique est absente, tout comme elle l’est du Richelet et du DAF.

Le rappel de la religion catholique et de son histoire transparaît à travers les lieux (Galilée, Tiberiade, tour de Babel), les noms bibliques (Dieu, Jeremie, Jesus-Christ, Judas, Paul, Seigneur, St. Esprit, St. Estienne, Vierge), les noms de groupes (Apostres, Innocents, Juifs, Pape, Psalmiste) et les noms divers (Bible, Cantique, Saint Sacrement). Furetière n’oublie pas sa culture et sa vocation religieuses, il ne renie pas son titre d’abbé de Chalivoy.

L’Antiquité marque aussi sa présence de différentes manières : les noms de personnes (Alexandre, Aristote, Petrone, Tite-Live), les noms de dieux (Pallas), les gentilés (Eoliens, Grecs, Rhodiens) et les noms d’institutions politiques (empire Romain).

La palette des couleurs proprionymiques brille de tous ses feux dans le Furetière. Plusieurs proprionymes entrent d’ailleurs dans la composition d’unités lexicales complexes (v. Boulanger et Cormier, 2001) : acier de Damas, languiers du Mans.

4.3. Le Dictionnaire de l’Académie françoise

Dans le DAF, des éléments proprionymiques paraissent dans 11 des 44 articles du corpus, soit dans 25 % des cas. Au total, il y a 23 noms différents répartis dans les catégories suivantes (v. annexe 2, section 2.3.) :

L’Académie est résolument européenne, 17 des 23 noms étant associés à ce continent : 13 des 16 toponymes, 2 des 4 noms de personnes et les 2 noms d’institutions. Les éléments restants font allusion à la religion (Jesus-Christ, Juifs, saint Estienne, tour de Babel) et à l’Orient (Damas, Orient).

Sur la base de cette séquence de mots, et proportionnellement, le DAF constitue donc le plus riche des trois dictionnaires en matière d’inclusion de noms propres et de formes pro-prialisées dans les exemples.

5. Signification des formes proprionymiques et intertextualité

Les noms propres ou proprialisés recensés personnalisent-ils chacun des dictionnaires et/ou révèlent-ils une communauté ou une convergence d’intérêts?

On peut remarquer que l’adresse au prince Ferdinand du DF et l’épître Au Roy du DAF usent des mêmes arguments, et souvent des mêmes noms. Les textes empruntent le même ton quand ils s’arriment à l’Antiquité. Cette référence historique est imparable pour parler en palimpseste de Louis XIV. C’est fort probant dans le discours académique qui n’aborde finalement que deux sujets : le Roy et l’institution elle-même. On n’est pas sans s’étonner du silence sur les autres lexicographes classiques et sur leurs œuvres, comme si l’Académie avait travaillé en vase clos et ne voulait pas s’en reporter à des prédécesseurs ou à des concurrents déloyaux qui n’ont pas respecté le privilège reçu par la Compagnie. Tandis que les deux autres préfaciers font des projections sur le projet académique, qu’ils ne rejettent pas par ailleurs. Leur critique majeure concerne la durée de préparation du dictionnaire. Pour le reste, leurs propos sont plutôt mesurés et encourageants, et ils n’hésitent pas à dire qu’ils ont, anachroniquement, une dette à l’égard d’un dictionnaire encore en devenir!

La mise en comparaison des textes d’ouverture avec les textes lexicographiques révèle une importante dichotomie, commune aux trois dictionnaires : les préfaciers ne sont pas nécessairement les auteurs des parties lexicales. Si Richelet paraît bien être le responsable des écrits de présentation de son dictionnaire, il semble que la rédaction des articles doive beaucoup à Patru. Dans le DU, Bayle n’a rien à voir avec le contenu de l’œuvre qui fut entièrement élaborée par Furetière. Dans le DAF, il est aussi malaisé de déterminer qui sont les auteurs de la préface que de deviner qui étaient les rédacteurs des articles, et s’ils étaient tous académiciens. Aussi, cette disparité entre le prédictionnairique et le dictionnairique dans les trois répertoires peut-elle être interprétée comme un trait commun aux trois projets, ce qui caractérise encore plus profondément une similarité et une simultanéité dans l’exercice lexicographique, cette ressemblance fût-elle le fruit des hasards de l’histoire individuelle des dictionnaires.

Les trois dictionnaires constituent-ils une chaîne ou un double palimpseste? Autrement dit, Richelet et Furetière utilisèrent-ils des matériaux de l’Académie auxquels ils avaient accès, par Patru et d’Ablancourt dans le premier cas, par Furetière lui-même dans le second, ou bien l’Académie s’inspira-t-elle de ces deux prédécesseurs en altérant leurs œuvres déjà publiques? Sans doute y a-t-il un peu des deux, de sorte que, dans la succession des répertoires, il est difficile de dire quel est le dictionnaire primitif à la source des deux autres. Ce sont en fait des produits interdépendants, mais seule l’Académie s’en défend. D’ailleurs, elle le fait trop âprement pour qu’il n’y ait pas anguille sous roche. Le fait que le DAF soit postérieur aux deux autres n’est pas un obstacle, les matériaux de la Compagnie s’étant accumulés depuis 43 ans au moment où paraît le Richelet et depuis 53 ans au moment de la publication du Furetière. Aucun auteur n’avoue avoir emprunté des matériaux à l’autre, l’Académie ne mentionne même pas les noms de Richelet et de Furetière.

Le DF cite 3 toponymes dont 2, Bourdeaux et Geneve, se retrouvent associés aux mêmes entrées chez Furetière et dans le DAF : lande et lac respectivement. Mais c’est entre Furetière et l’Académie que la comparaison devient éclairante. En effet, 8 des 16 toponymes du DAF sont déjà présents dans le DU : Bordeaux, Damas, France, Geneve, Orient, Orléans, Rome, tour de Babel, dont 7 figurent dans les mêmes articles. Seul le nom Orléans est distribué différemment (v. tableau 1).

Tableau 1. Les toponymes et leur distribution
Toponymes Sous
DU DAF
Bordeaux lande lande
Damas lame lame
France laid, lambel lambel, langue
Geneve lac lac
Orient langue langue
Orleans laier lambel
Rome langue langue
tour de Babel langue langue

Même si les probabilités de créer les mêmes phrases exemples sont grandes en raison des cooccurrences faciles, il reste que cette étroite correspondance est étrange ou, à tout le moins, suggestive. Il est cependant difficile de retracer les voies d’inspiration et d’identifier les auteurs des travaux originaux. Qui a emprunté le premier et à qui? Les sources historiques sont fort discrètes là-dessus. Chose certaine, la cause principale du parallélisme n’est pas l’œuvre du seul hasard ou celle du conditionnement langagier qui associe spontanément des mots entre eux. Les trois dictionnaires classiques forment bien une trinité et ils sont le reflet parfait d’une intertextualité.

Bibliographie

Annexe 1 – Les proprionymes dans les textes prédictionnairiques

1.1. Le Dictionnaire françois [...] de Pierre Richelet
Adresse (Total : 10) Avertissement (Total : 2 + [2])
Auguste Iesus-Christ Monsieur d’Ablancourt
Empire Muses [Marmol]
Europe Parnasse Monsieur Patru
France Romains [Tucidide]
Horace Virgile
1.2. La préface du Dictionaire universel [...] d’Antoine Furetière (Total : 70)
Abbaye de Chalivoy Empire Romain Papias
Abbaye de St. Germain des Prez Esope Paris
Academie della Crusca Henry [Estienne] Parlemens/Parlement
Academie (Françoise) Robert Estienne Pays-Bas
Angleterre Euripide Nicolas Perottus
Aristarque Europe Philippe de Commines
Aristote France Platon
Ascensius Badius François Plutarque
Paul Beni Froissard Prieuré de Chuines
Bibliotheque du Vatican Antoine Furetiere Republique des Lettres
Pierre Borel Mr. Furetiere Cardinal de Richelieu
Borrichius Mr. l’Abbé Furetiere Rome
Anne de Boulen Galien Roy
Bourges Henry VIII S. Pierre du Vatican
Calepin Hollande Tomasini
Mr. Du Cange Illustre Compagnie Tucydide
Castres Joannes de Janua Ugotion
Charles-Quint Job Varron
Ciceron Joinville Vaugelas
Compagnie Mr. de la Fontaine Ville-Hardoüin
Conseil d’Etat Reinier Leers Xenophon
Demosthene Mercure Zeuxis
Didyme Monstrelet
Eglise latine Palais
1.3. Le Dictionnaire de l’Académie françoise
Épître (Total : 15) Préface (Total : 30)
Académie Françoise Academie/Académie Demosthene
auguste Nom Académie de Florence Empire Romain
Ciel Académie Françoise Estrangers
Cours de l’Europe Antiquité François
Europe Aristote Georgiques
France Aulugelle Louvre
Grecs Monsieur le Cardinal Paris
Heros Jule Cesar Pompée
Personne Monsieur le Chancelier Cardinal de Richelieu
Puissance Charlemagne Romains
Regne Ciceron Rome
Rois Colbert Roy
Romains Compagnie Monsieur le Chancelier Seguier
Sire Cour Servius
Vostre Majesté [Academia] della Crusca M. de Vaugelas

Annexe 2 – Les proprionymes dans les textes dictionnairiques (les exemples)

2.1. Le Dictionnaire françois [...] de Pierre Richelet (Total : 7)
Bourdeaux François Jeremie Paris
Alain Chartier Geneve Molinet
2.2. Le Dictionaire universel [...]d’Antoine Furetière (Total : 71)
Afrique Demosthene Innocents Psalmiste
Alexandre Dieu Jeremie Rhodiens
Allemands Dieux Jesus-Christ Rhosne
Anciens Diogene Judas Rome
Angleterre Duc d’Orleans Juifs Saint Sacrement
Apostres empire Romain Malthe Seigneur
Aristote Eoliens Mans Soleil
Barbares Epictete Mer Morte St. Denys
Bible Fez Mores St. Estienne
Bordeaux France Orient St. Esprit
Cantique Galilée Orientaux Suisse
Chambre des Comptes Gascogne Orleans Tartares
Chasteau de Meudon Geneve Palais Tiberiade
Constance Gennasareth Pallas Tite-Live
Corée Grand Mogol Pape tour de Babel
Cour Grecs Paul Vaugelas
Courtisans Hollandais Petrone Vierge
Damas Inde Princes
2.3. Le Dictionnaire de l’Académie françoise (Total : 23)
Arragon Duc de Bourgogne Jesus-Christ Rome
Auvergne Espagne Juifs Roy
Bordeaux France Orient saint Estienne
Cardan Geneve Orleans tour de Babel
Corne Hospital Paris Vienne
Damas Hostel-Dieu Provence

Référence bibliographique

BOULANGER, Jean-Claude (2004). « Les proprionymes dans trois dictionnaires de l’époque classique », Français du Canada – français de France. Actes du sixième Colloque international, Orford (Québec), 26 au 29 septembre 2000, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, coll. « Canadiana Romanica », no 18, p. 213-228. [article]