Petite bibliographie analytique terminologie et néologie

Jean-Claude Boulanger

1. Présentation

Les notices bibliographiques sélectives rassemblées ici font suite à d’autres travaux du même ordre en terminologie et en néologie[1]. À la différence près toutefois, que les bibliographies antérieures étaient signalétiques tandis que celle-ci est analytique. Les fiches publiées dans cette revue, forment des versions élargies des résumés préparés dans le cadre d’une recherche d’une plus grande envergure menée par le GIRSTERM et portant sur l’élaboration d’une bibliographie fondamentale de la terminologie[2]; ce dernier ouvrage est destiné en priorité aux milieux qui s’éveillent aux nécessités de la structuration de projets nationaux de terminologie et de terminographie. À l’heure actuelle, plusieurs groupes de pays du Sud (Amérique du Sud, pays arabes et Afrique noire) sont touchés par de tels besoins d’outils documentaires et fonctionnels en terminologie.

Les vingt-cinq titres sélectionnés donnent un aperçu de quelques-unes des grandes constituantes de la terminologie. Certains sont déjà des classiques de cette jeune et dynamique discipline, d’autres sont en voie de conquérir leurs lettres de noblesse. Ensemble, ils tracent un parcours qui permet de scruter les aspects fondamentaux de la terminologie autrement que sur un plan superficiel : l’aménagement linguistique, les méthodes de recherche en terminologie et terminographie, la documentation légale, la lexicographie générale et terminologique, la normalisation, sans oublier le volet omniprésent de la néologie, dont toutes les facettes théoriques et pratiques sont illustrées à l’aide de textes de base. La moitié des ouvrages bibliographies traitent directement de la néologie, tandis que dans l’autre moitié, la néologie y occupe souvent une place privilégiée.

L’hétérogénéité, voire l’« hétéroclité », de cette petite bibliographie est bien volontaire. Quoique sélectives et extraites d’un ensemble plus vaste, les fiches analytiques tissent un solide réseau d’informations substantielles, dont la connaissance et la maîtrise sont impératives pour qui prétend voguer à l’aise dans le champ d’activité de la terminologie et de la néologie.

Ce court recueil bibliographique ne constitue pas une critique des ouvrages recensés, comme on en trouve dans les habituels comptes rendus de revues scientifiques. Il revêt la forme d’un résumé ou d’une description détaillée du contenu de chacun des écrits. Quelques commentaires didactiques parsèment parfois une fiche ou l’autre. Le soin est laissé à chaque lecteur ou consulteur de juger les textes qu’il lira. Certains impératifs ont guidé le choix des livres ou articles retenus, notamment, l’orientation résolument linguistique de la plupart d’entre eux au regard de la terminologie et la place prépondérante des préoccupations néologiques en terminologie.

Les titres sélectionnés couvrent une période de vingt ans, s’échelonnant donc depuis le moment de l’éclosion de la terminologie jusqu’à sa maturité récente. Le plus ancien remonte à 1962 et le plus contemporain date de 1982. La répartition par tranche temporelle est la suivante : 2 références pour la décennie 1960-1969; 16 références pour la décennie 1970-1979, 7 références pour la courte période entre 1980 et 1982.

Chaque notice forme un tout et regroupe trois types d’information :

  1. La référence bibliographique complète, accompagnée d’un numéro séquentiel.
  2. La description détaillée ou le résumé analytique du contenu de l’ouvrage.
  3. La liste alphabétique des auteurs ou collaborateurs, lorsqu’il s’agit d’un ouvrage collectif, comme par exemple, les actes de colloques, les mélanges, les périodiques.

Les matériaux bibliographiques recensés sont numérotés consécutivement et classés en ordre alphabétique des auteurs, des organismes responsables de leur publication ou des titres, selon ce qui convenait le mieux. L’ordre chronologique fut privilégié lorsque plus d’un texte avait été écrit par une même personne. Une liste de tous les auteurs et collaborateurs aux ouvrages collectifs suit la section des notices bibliographiques. Des renvois aux numéros séquentiels permettent de connaître ceux et celles qui ont participé aux ouvrages bibliographiés. On y voit apparaître quelques grands noms du Gotha terminologique.

Telle quelle, cette petite bibliographie analytique se veut un simple instrument de travail qui s’ajoute aux nombreux outils déjà disponibles. Ses objectifs primordiaux sont de mieux faire connaître et comprendre la terminologie et la néologie, qui puisent plusieurs de leurs racines essentielles au sein même de la linguistique, et de susciter des réflexions de plus en plus profondes sur ces aspects des sciences du langage.

Québec, le 20 août 1983

J.-C. B.

2. Bibliographie analytique

1. Actes du Colloque canadien sur les fondements d’une méthodologie générale de la recherche et de la normalisation en terminologie et en documentation, Ottawa, 16 au 18 février 1976, Édition du Bureau des traductions du Gouvernement canadien, Secrétariat d’État (1978), VI-343 p.

Ces pages regroupent les textes des exposés présentés lors d’un colloque tenu à Ottawa en 1976. Quoique les informations contenues dans ce recueil aient perdu quelque peu de leur actualité, elles n’en recèlent pas moins des vérités fondamentales, des réflexions de praticiens et de théoriciens et des indications méthodologiques utiles pour saisir l’essence de la terminologie. D’autant plus que ces actes montrent comment se sont mis en place des mécanismes de consultation en vue d’harmoniser les recherches terminologiques entre les deux grands organismes d’État qui, au Canada, sont chargés de la collecte, du traitement et de la diffusion des terminologies : la Direction

générale de la terminologie et de la documentation à Ottawa (Canada) et l’Office de la langue française au Québec. Étant donné les mandats impartis, chacun conserve cependant ses objectifs et ses méthodes spécifiques. Cette nouvelle version des Actes qui avait déjà paru à un nombre fort limité d’exemplaires, comporte le résumé des interventions ainsi que les textes des communications en français. Une version anglaise complète des Actes est également disponible.

Trois thèmes, comprenant chacun plusieurs exposés, ainsi qu’une conclusion en quatre volets forment ces Actes. Le thème d’ouverture porte sur la recherche terminologique (p. 41-226).

Un exposé explique les objectifs et définit la recherche terminologique, tandis que trois autres traitent respectivement de

la recherche terminologique à l’Office de la langue française, à la Direction générale de la terminologie et de la documentation et dans la grande entreprise privée ou parapublique. Le thème médian est consacré à la méthodologie de la normalisation terminologique (p. 229-263). Un exposé méthodologique envisage la question de la normalisation au gouvernement du Québec et un autre constitue un état de la question en ce qui regarde la méthodologie de la normalisation sur le plan international, avec au centre des explications, les recherches de l’ISO (Organisation internationale de normalisation). Le dernier thème développe les aspects documentaires de la recherche terminologique (p. 267-312). Le classement des données terminologiques et documentaires, la nécessité de définir des normes canadiennes pour les systèmes de classement des données documentaires ou encore quant à la valeur des sources documentaires, constituent les interventions de ce thème. La conclusion (p. 313-325) fait part de la formation d’un comité pour l’harmonisation des méthodes de la recherche terminologique, définit des principes directeurs en normalisation, rassemble les rapports des ateliers de discussion et propose la création d’une commission paritaire de coordination pour la normalisation terminologique et la mise en œuvre des ressources terminologiques.

Il faut signaler enfin qu’un résumé des trois jours de débat apparaît au début des Actes (p. 1-34).

Auteurs

R. Archimbaud, p. Auger, J.-C. Boulanger, R. Boutin-Quesnel, J.-C. Corbeil, R. Dubuc, J.-M. Fortin, F. Gauthier, F. Glaus, R. Harvey, N. Kerpan, J. Mercier, G. Rondeau, L.-J. Rousseau, Ph. Tessier.

2. Association française de terminologie (AFTERM), Terminologie 76. Actes du colloque international, Paris-La Défense, 15-18 juin 1976, Paris, La Maison du dictionnaire, 1977, p. V.

Trente-quatre communications, auxquelles il faut ajouter les exposés introductif et de synthèse, forment ces actes.

Sept thèmes sont dégagés : 1. politiques linguistiques et terminologie; 2. traduction et terminologie; 3. sciences, techniques et terminologie; 4. documentation et terminologie; 5. terminologie et linguistique; 6. les banques de terminologie; 7. les réseaux internationaux de terminologie.

Lors du premier thème, les politiciens québécois, canadiens et français se sont chargés des exposés préliminaires. Dans le second thème, les communications portent sur des problèmes lexicographiques, les dictionnaires automatiques et la terminologie dans les bureaux internationaux de traduction. Le troisième thème scrute les aspects de l’information scientifique et technique la normalisation, les industries chimiques et le Conseil international de la langue française. Le quatrième thème aborde des problèmes de lexicographie terminologique, de bibliographie et de thésaurus. Le cinquième thème concerne les rapports entre la lexicographie et la terminologie. Le sixième décrit les banques de données terminologiques de l’Office fédéral des langues (Allemagne), de Siemens, de l’Office de la langue française du Québec, de la Commission des communautés européennes à Luxembourg, d’Eurodicautom, de Normaterm (AFNOR), etc. Le septième thème examine les échanges terminologiques internationaux qui se font par l’intermédiaire des réseaux de normalisation, de documentation et d’experts.

À première vue, ces Actes forment une collection d’interventions qui peuvent paraître disparates. Cependant la gamme des sujets traités restitue un portrait général et fidèle de la terminologie telle qu’elle existait en 1976. Elle prenait alors une expansion de plus en plus internationale et son importance était de plus en plus reconnue par les pays, les États et les organismes nationaux et internationaux qui composent le monde moderne.

Auteurs

P. Agron, J.-A. Bachrach, K.E. Berner, B. De Bessé, M, Brugière, H. p. Brunold, F. Cestac, M.-C. Clerc, F. Cloutier, J. Courtin, H. Felber, M. Forget, S. Forgues, J.-M. Fortin, p. François, R. Frontard, R. Goffin, E. Grandjean, L. Guilbert, H. Joly, p.-É. Larose, J. Laurent, L. Lebel-Harou, Ph. le Quellec, J. Maniez, M. Mariée, J. Michel, M. Moureau, M. Paré, G. Pelletier, G. Pessis-Pasternak, A. Reichling, A. Rey, Ch. Scrivener, A. Sliosberg, A. Tchirikoff, G. Veillon, A. Hanez, L. Zareba.

3. Jean-Claude Corbeil, L’aménagement linguistique du Québec, coll. « Langue et société », numéro 3, Montréal, Guérin éditeur limitée, 1980, 154 p.

L’ALQ est le premier ouvrage de base en français qui fouille et explique en détail les rapports entre les questions de législation linguistique et la science linguistique elle-même. Les réflexions de l’auteur s’articulent autour du concept d’« aménagement » qui suppose des interventions de type linguistique tout autant que des interventions politiques diverses (législations, réglementations, etc.). Pour être efficaces et produire des résultats tangibles, ces interventions doivent être coordonnées et simultanées. En cinq chapitres très denses, l’auteur fait

l’analyse de la genèse, de l’émergence et du développement de la théorie et de la pratique de l’aménagement linguistique au Québec, en plus d’inscrire des prospectives pour toute la francophonie.

L’introduction (p. 7-11) explique les choix terminologiques de l’auteur. Celui-ci situe également son livre dans l’ensemble des réflexions et des travaux qu’il a entrepris et élaborés entre 1970 et 1977. C’est une tentative de systématiser ses recherches, de faire le point avant de poursuivre et de développer plus avant le concept qui lui tient à cœur. Le premier chapitre analyse la genèse de la situation linguistique du Québec à partir de 1760. L’auteur tire trois conséquences : l’évolution linguistique québécoise et celle de la France prennent des voies différentes; l’activité économique s’anglophonise et s’anglicise; les terminologies sont élaborées en anglais. Le deuxième chapitre (p. 31-66) détaille les causes de l’émergence et de la nécessité d’en arriver à un projet d’aménagement total au Québec. Les mouvements nationaux et nationalistes, les revendications des intellectuels, les Commissions Laurendeau-Dunton et Gendron et le renforcement de l’Office de la langue française dessinent le profil de cette émergence. La politisation du débat linguistique aboutit à la mise en place d’une stratégie réfléchie, globale et appliquée en matière de langue. Elle s’ordonne autour de concepts comme le bilinguisme, les fonctions sociales de la langue, les communications institutionnalisées et individualisées ainsi que la norme. Les solutions préconisées par le Québec pour répondre à chacune de ces questions font l’objet du chapitre trois (p. 67-96). La stratégie linguistique mise en place au Québec est analysée au chapitre quatre (p. 97-111). Celle-ci avait pour but de préciser et de modifier le statut des langues au Québec et de favoriser l’usage d’un français de qualité comme langue usuelle des Québécois. Le cinquième chapitre (p. 112-133) extrapole la stratégie et tente de dégager un modèle théorique pour la francophonie entière qui doit faire face â des problèmes de multilinguisme et de diversité des langues.

Ce livre lie la théorie à la pratique. Il explique, fouille, étudie la question linguistique québécoise dans ses rapports avec la politique et les législations linguistiques. Il permet de bien comprendre la situation linguistique et terminologique du Québec.

4. Marcel Diki-Kidiri, Hubert Joly et Colette Murcia, Guide de la néologie, Paris, Conseil international de la langue française, 1981, 65 p.

Le Guide de la néologie constitue une espèce de point final aux travaux du CILF dans le domaine des mots nouveaux. Le matériel lexical utilisé pour illustrer les réflexions contenues dans cet opuscule provient des 66 premiers numéros néologiques de la Clé des mots. Le but de l’ouvrage n’est pas de fournir des règles strictes en matière de créativité lexicale mais d’apporter des suggestions pratiques. Cela ne donne cependant pas à l’ouvrage une valeur didactique parfaite.

Le manuel est divisé en sept chapitres. Le premier chapitre esquisse les grandes lignes de la typologie de la néologie (de forme, de sens, d’emprunt). Elle sera détaillée au chapitre six. Le chapitre deux propose une règle d’or du travail en néologie; elle consiste à examiner les définitions d’une notion pour en extraire les éléments importants qui aideront à choisir une dénomination adéquate. La démarche illustrée est nettement onomasiologique. Le troisième chapitre porte sur l’orthographe des mots nouveaux. Il ne donne que des informations éparses sur la graphie des néologismes français ou empruntés. Tout le chapitre

quatre est fondé sur une étude réalisée en 1971 par la Banque de terminologie de l’Université de Montréal sur les critères de viabilité et de recevabilité d’un néologisme. Les termes software et hardware ont été utilisés pour appuyer l’étude. Le cinquième chapitre énumère et analyse six critères qui servent à reconnaître le degré d’appartenance linguistique d’un mot. Les travaux de néologie menés par le CILF entre 1973 et 1979 font l’objet du chapitre six. Le dernier chapitre est voué aux formants, c’est-à-dire aux éléments morphématiques ou lexicaux utilisés pour construire des néologismes.

Ce petit guide demeure un ouvrage modeste et élémentaire. Quelques chapitres ouvrent des voies d’analyse intéressantes à développer, comme par exemple la reconnaissance juridique du mot en français et celui de la productivité des formants. Dans un ouvrage qualifié de guide, l’absence de la moindre bibliographie est regrettable et reste à suppléer.

5. Jean Dubois, Étude sur la dérivation suffixale en français moderne et contemporain, Paris, Librairie Larousse, 1962, XI-118 p.

L’ouvrage comprend une introduction, un tableau des suffixes en français contemporain, un développement central sur les mouvements observés dans les suffixations et une conclusion générale. Une bibliographie de base ouvre le livre tandis qu’un index le termine.

Dans l’introduction, J. D. définit le suffixe, en décrit les fonctions variables (modificateur de classe, de la valeur d’emploi, indicateur lexical), en élabore le système qui apparaît comme une structure qui se définit par les relations entre les suffixes eux-mêmes et par leurs possibilités de combinaison avec une base. L’introduction s’achève par la présentation de la méthodologie générale utilisée pour conduire la recherche : principes et méthodes d’enquête. La brève période qui s’étend de 1900 à 1961 a été choisie afin d’éviter que n’interfèrent les phénomènes synchroniques et diachroniques.

Le tableau des suffixes du français contemporain qui sont disponibles a été dressé à partir de la classe du mot de base, du genre du mot suffixé, de la fonction du suffixe et de la classe du mot suffixé.

La grande section consacrée aux mouvements observés dans les suffixations se subdivise en cinq parties : 1. le mouvement

général, qui est analysé à l’aide de la comparaison de deux éditions du Petit Larousse (1906 et 1961); 2. l’observation des dispositions et des régressions dans le système des suffixes; 3. l’apparition de nouvelles suffixations et leur intégration dans le système de la langue, en particulier les suffixes terminologiques et étrangers; 4. les différenciations secondaires et les mouvements entre suffixes; 5. l’étude d’ensemble des mouvements observés dans des lexiques spécialisés : agriculture (machines agricoles), instruments de prothèse et de chirurgie, industrie pétrolière, anesthésie.

Dans la conclusion générale en six points, Dubois montre d’abord que le mouvement de la langue, l’évolution constante de la langue répond par sa fonction dénominatrice aux besoins nouveaux de communication et que le rythme de ce mouvement varie selon qu’il s’agit de lexiques spécifiques ou du vocabulaire fondamental. Puis il élabore sa pensée sur le mouvement de la structure suffixale elle-même. La suffixation évolue avec l’ensemble de la langue. Lorsque celle-ci change, ses aspects spécifiques en subissent des répercussions. En troisième lieu il discute de la complexité du système synchronique des suffixes : leurs corrélations, leurs rapports (linéaire simple, différenciations, structures superposées, structures syntagmatiques). Viennent ensuite quelques considérations à propos des lexiques spécifiques et leur rôle dans l’évolution du système général. Le cinquième point porte sur l’évolution du système général lui-même, dans lequel les modifications peuvent revêtir un aspect quantitatif ou qualitatif. Enfin, apparaît une esquisse de la théorie de la suffixation dans laquelle il est question de la complémentarité des distributions et de la fonction linguistique fondamentale de la suffixation.

Un appendice fournit la liste des mots classés par suffixe dans les deux éditions du Petit Larousse utilisées pour la recherche.

6. Jean Dubois, Les problèmes du vocabulaire technique, in Cahiers de lexicologie, no 9, 1966-II, p. 103-112.

Cet article propose un examen des travaux de Louis Guilbert, en particulier de ses deux thèses : Formation du vocabulaire de l’aviation (1965) et Enquête linguistique sur le vocabulaire de l’astronautique à travers la presse d’information à l’occasion de cinq exploits de cosmonautes (1967). L’auteur étudie l’apport guilbertien à la sociolinguistique, à la linguistique diachronique, à la linguistique synchronique et à la linguistique générale.

Dubois discute d’abord de la problématique des modèles morphologiques et syntaxiques, au sens de la grammaire transformationnelle, qui différencient la langue terminologique de la langue générale. Le système de la dénomination, les rapports entre le travail comme activité créatrice et la langue technique sont évoqués brièvement. Une comparaison est également faite entre l’organisation du lexique et la structure des objets du monde réel. Cela permet de situer le lexique dans le cadre de rapports qui relèvent des analyses componentielles et des définitions conjonctives.

Une autre partie de l’article étudie les contacts entre deux ou plusieurs microlangues fonctionnelles, en l’occurrence ici, l’aéronautique et l’astronautique. À cette occasion, deux problèmes sociolinguistiques sont soulevés : 1. celui des conditions qui amènent en contact diverses techniques et qui débouchent sur la description d’une activité nouvelle (plan socioculturel); 2. celui de la notion de « langue de prestige », qui correspond en fait à une technique à laquelle une nouvelle activité emprunte ses termes. Ces considérations laissent apercevoir les conditions qui président à la genèse d’un vocabulaire technique : les termes marqués, qui correspondent à la néologie sémantique, de transfert, et les termes démarqués, qui correspondent à la néologie lexématique, permettent de créer un langage technique nouveau.

L’auteur montre ensuite comment le volume de communication participe à la stabilisation du lexique, sans minimiser pour autant le mouvement naturel de celui-ci. L’autonomisation d’un lexique spécialisé a lieu au moment où les ambiguïtés à propos de la lexicalisation des syntagmes disparaissent, au moment où plusieurs sous-ensembles lexicaux jusque-là distincts sont réunis et au moment de la réduction synonymique et polysémique. Les procédés variés de dénomination prennent alors toute leur valeur (néologie formelle, transfert, paraphrase). Ils sont passés en revue dans le cadre d’une tentative d’identifier les caractéristiques formelles qui définissent des ensembles lexicaux. Par ailleurs, Dubois identifie deux types de contraintes à la création linguistique : d’une part, la structure linguistique impose ses modèles; d’autre part, la structure perceptive impose des conditions qui font que l’objet est perçu comme une somme de différences.

L’article s’achève par des considérations sur la banalisation d’un lexique spécialisé, c’est-à-dire l’intégration plus ou moins complète d’une langue technique à la langue générale, et des remarques sur le processus de traduction en ce qui regarde les domaines traités par Louis Guilbert. Le triangle français/anglais/russe fait l’objet de ces observations.

7. Jean Dubois et Claude Dubois, Introduction à la lexicographie : le dictionnaire, coll. « Langue et langage », Paris, Librairie Larousse, 1971, 224 p.

Ce livre fondamental en lexicographie est dû à deux des principaux responsables des encyclopédies et dictionnaires laroussiens. Douze chapitres sont consacrés au fonctionnement même du dictionnaire ainsi qu’à l’objet culturel qu’il représente pour la société. Un treizième chapitre traite du dictionnaire en tant que source d’études linguistiques. Les douze premiers chapitres peuvent être divisés en trois sous-ensembles qui scrutent des aspects différents, tels l’objet dictionnaire, l’article lexicographique, les rapports du dictionnaire avec la société.

Trois chapitres (p. 7-38) sont l’occasion de situer le dictionnaire dans l’ensemble des objets manufacturés destinés à répondre à des exigences d’information et de communication, de suivre les étapes présidant à la confection d’un dictionnaire, y compris l’établissement d’un plan préalable à l’élaboration proprement dite, et d’analyser les rapports entre dictionnaire et bilinguisme. Sept chapitres (p. 39-98) expliquent à tour de rôle un aspect particulier du discours lexicographique. Ainsi, l’énoncé lexicographique, le discours pédagogique du dictionnaire, les entrées, les problèmes d’homonymie et de polysémie, la définition, la description lexicographique de la langue font successivement l’objet d’une description pratique et d’une explication théorique à partir des grands courants de la linguistique. Enfin, le troisième bloc comprend deux chapitres (p. 99-109) qui s’intéressent respectivement à la norme culturelle que doit idéalement décrire le dictionnaire et aux rapports entre le dictionnaire et l’histoire. Celle-ci doit être intégrée au discours lexicographique dans la perspective de son fonctionnement synchronique puisque les dictionnaires de langue sont tenus de faire une description synchronique de la langue. Le lexicographe analyse alors l’histoire comme un écart.

Le chapitre treize (p. 111-206) contient trois contributions déjà publiées ailleurs par Jean Dubois lui-même ou avec la collaboration d’autres linguistes. Un premier texte important, et toujours d’actualité, aborde la question du mouvement général du vocabulaire français durant la période 1949-1960 d’après l’étude de deux éditions du Petit Larousse. Le second texte est une étude remaniée du mouvement observé dans les suffixations en français contemporain, l’analyse étant effectuée en partie à l’aide du Petit Larousse. La troisième contribution est une étude remaniée et augmentée sur les couches diachroniques du vocabulaire français d’après les données d’un dictionnaire étymologique.

Une importante bibliographie sur la lexicographie clôt le livre.

8. Louis Guilbert, Peut-on définir un concept de norme lexicale?, in Langue française, no 16, décembre 1972, p. 29-48.

Cet article est composé de quatre parties où l’on distingue la norme lexicale et la norme grammaticale en considérant à la fois l’utilisation et la création des unités lexicales.

La première partie pose la problématique de la définition de la norme lexicale. Aussi, l’auteur met-il en parallèle la norme grammaticale, qui se perçoit aisément et se définit d’une manière relativement simple, et la norme lexicale, qui reste à définir. S’appuyant sur la théorie générativiste, Guilbert rappelle que le code grammatical est constitué par un nombre fini de règles, dont l’application permet de produire un nombre infini de phrases, tandis que dans le lexique, il est quasi impossible de recenser le nombre total des unités lexicales. Cela explique aussi que la grammaire évolue lentement, que ses transformations soient lentes, alors que le lexique subit des transformations rapides en raison de la liaison constante entre l’évolution du monde et celle de la langue. En outre, théoriquement, le lexique est une affaire individuelle et la grammaire est une affaire collective en termes de production de nouveaux mots ou de nouvelles règles. Mais on sait qu’en pratique il en va autrement, puisque la norme sociale vient exercer un contrôle qui constitue un frein contre les déviations possibles du système.

La deuxième partie aborde la relation créativité/usage/norme. La valeur linguistique du concept de « norme » est mise en rapport avec l’usage, la créativité langagière ou encore avec l’activité du langage à travers différentes conceptions de la créativité : celles de Saussure (langue/parole), Hjelmslev (structure de la langue) et Chomsky (compétence/performance). Ces théories excluent de leur champ le concept de « norme » pour ne retenir que l’acte linguistique soumis à l’usage des règles. Guilbert explique ensuite comment la norme peut servir à régulariser le changement linguistique. La masse parlante est à l’origine du changement et c’est elle qui décide de l’évolution de la langue et, par conséquent, elle entérine les déviations pour en faire la nouvelle norme, ces interventions devenant créatrices. Le changement se produit donc dans la parole, et plus précisément dans le lexique. À noter que le concept de « norme » se confond avec celui de « créativité » pour signifier le fonctionnement de la langue. Il ne s’agit pas de restreindre la potentialité d’enrichissement et de changement de la langue.

La troisième partie traite de l’unité lexicale, formant de base commun à toutes les théories et qui s’impose comme unité fonctionnelle du langage qui est porteur d’une charge sociale. Créativité et norme lexicales sont donc développées. D’abord, le mot dans ses rapports avec : le lexique, les niveaux de langue, les niveaux socioprofessionnels. L. G. évoque les difficultés rencontrées pour définir le lexique, lui-même régi par deux normes : la norme linguistique et la norme sociale. En ce qui regarde la norme linguistique, l’auteur expose les règles de la création néologique (formelle et sémantique) qui forment ni plus ni moins qu’une norme de création. La nécessité linguistique de la dénomination nouvelle existe, il faut trouver les moyens pour en faciliter l’application et le développement.

Pour ce qui est de la norme sociale, elle se manifeste par une volonté d’uniformiser la communication. Le recours à la normalisation apparaît donc dans les règles d’orthographe, de prononciation, de grammaire édictées par la société. Le dictionnaire représente, quant à lui, le lien normalisateur par excellence, même si par essence, là n’est pas sa vocation; celle-ci consiste plutôt à décrire le lexique, même si le choix des mots et des significations reste soumis à des idéologies sociales variées. La boucle est ensuite complétée par la mise en relation de la norme (sociale et linguistique) avec l’usage.

La dernière partie est centrée sur les rapports entre norme lexicale et purisme lexical. L’action contradictoire des forces de conservation et des forces de novation crée des luttes permanentes entre les tenants de chaque partie. Le purisme considère la néologie comme attentatoire à l’ordre établi; il postule la prééminence de ce qui a été au détriment de ce qui se crée. Ce conservatisme linguistique maintient la langue dans les limites rigides de la tradition. Aujourd’hui, on assiste à des changements prometteurs à ce sujet. L’évolution de la conception de la norme lexicale est indissolublement liée aux transformations de la société. Aussi une définition officielle de la néologie se dessine-t-e1le dans ce contexte évolutif et elle est rattachée au développement social et idéologique du monde.

9. Louis Guilbert, Discours, lexique, dictionnaire, in Meta, vol. 18, nos 1-2, mars-juin 1973 , p. 201-224. (= Actes du deuxième colloque international de linguistique et de traduction, Montréal, 4-7 octobre 1972.)

Cet article est une réflexion fondée sur le mot, unité fondamentale du fonctionnement du langage. À l’aide de ce paramètre, l’auteur analyse certains aspects du rapport entre la phrase et les éléments du lexique. Les conclusions qui ressortent sont axées sur la description du lexique sous son angle lexicographique, la fabrication du dictionnaire.

Guilbert pose d’abord la problématique du mot en recourant à une définition opérationnelle empruntée à Meillet : le mot est une « tranche sonore douée d’une fonction syntaxique et pauvre de sens ». Il critique cette définition du mot à la lumière de la syntaxe et du lexique. Il propose de définir ce qu’est l’unité lexicale en tant qu’élément de formation de la phrase, même si le terme mot est conservé pour désigner le concept discuté.

La théorie de la grammaire générative et transformationnelle sert de creuset pour effectuer cette opération définitoire.

Dans cette théorie, le mot est appelé morphème lexical. Ce morphème peut subir des transformations variées qui constituent ses facultés de combinaison. Ces réalisations ne peuvent cependant être conçues en dehors de la facette sémantique. L’auteur détaille les raisons qui font que le morphème lexical fonctionne comme base de dérivations multiples tout en créant des séries différenciées sémantiquement. La classe syntaxique et l’homogénéité sémantique confèrent au morphème l’aptitude à générer des séries lexicales.

Puis L. G. examine la relation entre le morphème et le sémème et les composantes de ce dernier, les sèmes. L’analyse transformationnelle est expliquée à partir de la fonction de signification du mot et de l’autonomie fonctionnelle du sémème dans le langage par rapport au morphème lui-même.

Une autre partie de l’article aborde le mot référentiel et sa description. Celui-ci correspond ni plus ni moins au terme spécialisé. Il désigne des concepts ou des réalités concrètes du monde. Il a donc une fonction essentielle de dénomination. Guilbert donne les raisons des transformations et de la polyvalence du mot référentiel, de même qu’il explique ses relations avec le sémème du morphème lexical ordinaire. Cette partie sur la problématique du mot s’achève par l’examen des rapports entre le mot et les différents types de discours des locuteurs.

Le mot en devenant une unité de discours cesse d’être une unité disponible parmi l’ensemble du lexique. Il devient un élément réalisé par un individu. C’est le principe de l’opposition compétence/performance, bien connu des générativistes.

Enfin, l’auteur scrute le mot en tant que signe métalinguistique, comme un élément lexical donnant lieu à une interprétation linguistique du langage produit. Les mots en tant que signes métalinguistiques abondent chaque fois qu’un locuteur produit un discours à propos d’un autre discours, comme c’est souvent le cas en enseignement du français, en critique littéraire, etc. L. G. aborde également cette question sous l’angle lexicographique de la transformation d’un mot linguistique en mot métalinguistique lors des diverses opérations conduisant à l’élaboration d’un dictionnaire, de même que sous l’aspect de l’étude scientifique de la linguistique, c’est-à-dire comme une branche de la linguistique.

Une incursion est également faite du côté des grands axes de la productivité lexicale. Dans cette section, le linguiste reprend les grandes lignes de l’analyse effectuée auparavant et il les applique aux processus néologiques (affixation, composition), tant en langue générale qu’en terminologie. L’article est clos par un examen des rapports entre le dictionnaire et la norme. Différents types de dictionnaires sont évoqués, de même que la fonction sociolinguistique du dictionnaire de langue qui, malgré ses visées descriptives, contribue à dégager une norme relative au fonctionnement du lexique de la langue. Cette norme sociale et culturelle est issue de la vision que la classe dominante possède du lexique de la langue d’une communauté.

Une courte discussion suit le texte proprement dit de Louis Guilbert (p. 222-224).

10. Louis Guilbert, La créativité lexicale, coll. « Langue et langage », Larousse Université, Paris, Librairie Larousse, 1975, 288 p.

Ce livre présente dans un langage accessible une réflexion théorique poussée sur le mouvement de renouvellement du lexique considéré sous l’angle de la néologie. La perspective générativiste chère à L. G. sert encore de référence théorique pour donner une explication pertinente de la génération de la phrase et de la génération des unités lexicales. L’approche chomskienne permet de lier la création lexicale à la formation des phrases, le modèle phrastique constituant la réalité de la communication. L’ouvrage se veut une contribution à la réflexion sur les principaux problèmes de la création lexicale. On retrouvera donc dans ce livre les grandes préoccupations guilbertiennes : lexique et discours sociaux, dictionnaire et lexicographie, néologie, etc.

Deux parties composent l’ouvrage : la néologie (p. 13-102) et la dérivation (p.103-278). Une bibliographie bien étoffée termine le livre (p. 281-285).

Dans la section consacrée à la néologie, l’auteur décrit le mouvement linguistique et dresse une typologie très détaillée de la néologie. Le changement lexical naît indiscutablement des relations nouvelles qui s’établissent entre des signifiants et des signifiés en référence à des éléments du monde sensible : choses, créations, pensées nouvelles. Le lexique change par nécessité d’évolution du monde et du besoin de communiquer toute nouvelle connaissance. Les facteurs de mutabilité, le rapport mutabilité et performance du système linguistique, le rapport entre changement linguistique et structure sociale, la relation créativité/usage/norme et les domaines du changement (phonématique, grammaire) forment l’ossature de ce sous-chapitre. La création lexicale proprement dite est ensuite expliquée dans des perspectives diachronique, synchronique et lexicographique avant d’être mise en relation avec le locuteur lui-même : compétence, jugement en face de la néologie. L’acceptabilité du néologisme est ensuite développée sur le plan de la norme sociale dans le lexique et sur le plan de l’idéologie lexicale.

La typologie des néologismes reprend sous une forme très détaillée les grands axes de la créativité linguistique : néologie phonologique, néologie sémantique, néologie par emprunt et néologie syntagmatique. La néologie formelle fait l’objet à elle seule de la seconde partie du livre.

La seconde section est réservée à la dérivation lexicale qui est scrutée sous toutes ses coutures. L. G. pose d’abord la problématique du mot et de la dérivation : le mot-signe, le mot et la théorie structuraliste, le mot dans la perspective générativiste. Il se penche ensuite sur l’élément commun aux dérivés d’une même famille, la base lexicale, avant d’étudier les différents aspects des paradigmes dérivationnels. Les relations paradigmatiques du lexique, la définition du paradigme dérivationnel et ses problèmes théoriques et pratiques, les contraintes qui limitent le développement d’un paradigme et les caractères de productivité de celui-ci constituent ce sous-chapitre de la dérivation. La syntagmatique lexicale est à son tour soumise à la discussion. Elle comporte deux aspects : un aspect simple, c’est-à-dire la dérivation affixale (préfixale et suffixale) et la composition, telles qu’elles sont habituellement connues; un aspect complexe, c’est-à-dire la composition synaptique ou encore ce que l’on appelle en terminologie le syntagme. L. G. explique donc sa position en regard de la dérivation syntagmatique.

11. Louis Guilbert, Terminologie et linguistique, in Essai de définition de la terminologie. Actes du Colloque international de terminologie, Lac-Delage (Québec), 5 au 8 octobre 1975, Québec, Régie de la langue française, Éditeur officiel du Québec, août 1976, p. 13-26.

Quatre parties composent cet article.

La première partie étudie la terminologie en tant qu’ensemble de termes et qu’ensemble de démarches théoriques dans ses rapports avec la linguistique. Les trois volets examinés sont : 1. la dénomination et le signe linguistique alors que l’auteur met le signe en relation avec les réalités du monde; 2. la liaison entre la formation conceptuelle et l’expression linguistique où il s’agit de voir comment la conceptualisation est préalable à l’acte de dénomination. L’auteur entre alors dans le domaine philosophique concernant la connaissance du monde et les rapports de la logique avec le langage; 3. la relation entre le nom et le référent. Le langage ayant une fonction sociale, il sert de moyen de communication et de liaison avec les modalités d’action sur le monde. La dénomination se réalise donc en tenant compte des facteurs sociaux et civilisationnels.

La terminologie dans ses rapports avec le processus discursif fait l’objet de la seconde partie. Un certain nombre de relations que la terminologie entretient avec des notions de linguistique sont esquissées. Ces discours, qui ont un arrière-plan générativiste chez Guilbert, ont pour but de cerner la signification de l’unité terminologique. Ce sont les discours relatifs au processus de communication, à la syntaxe, à l’énoncé, c’est-à-dire à la possibilité pour le terminologisme de structurer des phrases, à la paraphrase, qui permet de reconnaître la transition entre le sens d’un texte et la dénomination qui a revêtu la forme d’une unité terminologique, et enfin à la traduction, à propos de laquelle l’auteur rappelle fort justement le problème de l’allomorphisme ou du découpage différent de la réalité selon les langues en présence.

La troisième partie scrute les aspects idéologiques de la terminologie. Même dans ce domaine, il existe des prises de conscience déterminant des comportements en face de la technologie et de la science. Ainsi, le marxisme qui met de l’avant les forces de production. L’acte de dénomination recèle donc, en plus de ses fonctions habituelles (énumération, classification, nomenclature), des fonctions cognitive, documentaire, néologique, juridique, publicitaire et nationale ou communautaire. Des motivations de communication permettent de les discerner selon les nécessités. La terminologie est aussi liée à l’idéologie de la langue. Elle entre incontestablement dans le domaine de la politique linguistique, comme le montrent les réactions à l’emprunt, la normalisation, la créativité lexicale, l’aménagement linguistique et terminologique.

Dans la dernière partie, l’auteur s’intéresse aux rapports entre la terminologie et la lexicographie. Il définit quelques principes différentiateurs entre la lexicographie générale et la lexicographie spécialisée. La relation entre le terme et la notion, le traitement méta1inguistique dans un cas et la description notionnelle intégrale dans l’autre, les classements alphabétique ou systématique, la prééminence de l’information à propos de l’objet plutôt que sur la fonction linguistique du mot, constituent quelques différences notables. Nonobstant ces distinctions, Guilbert rappelle que même en terminologie, l’énoncé linguistique demeure le lieu de transmission de l’information syntaxique, sémantique et fonctionnelle dans le langage, le terminologisme étant malgré tout un signe linguistique.

Ce texte a également paru dans Textes choisis de terminologie. I. Fondements théoriques de la terminologie, GIRSTERM 1981, p. 199-219.

12. Louis Guilbert, La relation entre l’aspect terminologique et l’aspect linguistique du mot, in Actes du premier Symposium d’Infoterm, Vienne, du 9 au 11 avril 1975, Coopération internationale en terminologie, Infoterm Series, no 3, Verlag Dokumentation, München, 1976, p. 242-249.

L’auteur pose ici le problème de la spécificité de l’unité terminologique par rapport à l’unité de lexique en général. Cette formulation amène L. G. à proposer le néologisme terminologisme pour désigner l’unité spécifique relevant de la terminologie.

Trois parties composent l’article : 1. la spécificité du terminologisme; 2. la perspective terminologique et la néologie; 3. les modes de création terminologique.

La spécificité du terminologisme réside dans son mode de signification monosémique. La plupart sont des substantifs dont les définitions consistent à les situer dans une classe d’objets, à énumérer les éléments constituants, à en décrire l’aspect et à indiquer leur destination. Le terminologisme est donc en relation univoque avec la chose désignée, ce qui tend à limiter la synonymie. La fonction d’énumération ou de classification ne le rend pas dépendant de la fréquence d’emploi.

L’augmentation des objets du monde entraîne des besoins lexicaux nouveaux et constants. Par ailleurs, la généralisation et la spécialisation apparaissent comme un double mouvement du lexique qui explique également le recours néologique. Quoique indispensable, le recours linguistique ne suffit pas; il doit prendre appui sur la connaissance directe de l’objet par le technicien ou le scientifique.

La création terminologique proprement dite obéit quant à elle à des modèles issus du système général, modèles déjà éprouvés. Ainsi, il n’existe pas de nouvelle combinaison phonique. Sur le strict plan lexical, le terminologisme peut provenir de bases toponymiques ou patronymiques, il peut utiliser des suffixes revêtant des aspects particuliers en terminologie, il peut provenir de deux types de composition : la syntagmatisation analytique (navigation aérienne) et la syntagmatisation synthétique (aéroport) , il peut user de la siglaison ou de l’acronymie, enfin, il peut importer des formes linguistiques allogènes, les emprunts.

Ce texte de Louis Guilbert a déjà été publié dans Lebende Sprachen, volume 20, novembre-décembre 1975/6, p. 173-176 (sous le titre : Aspect terminologique et linguistique du mot) et dans Textes choisis de terminologie, I. Fondements théoriques de la terminologie, GIRSTERM, 1981, p. 185-197.

13. Louis-Edmond Hamelin, De la néologie en géographie, exemples québécois, in Cahiers de géographie de Québec, vol. 19, no 48, décembre 1975, p. 429-459.

Entièrement centré sur un seul domaine spécialisé du savoir, celui de la géographie, et orienté vers un seul espace géolinguistique, celui du Québec, ce texte comprend deux parties. L’auteur rappelle d’abord des notions générales de néologie; en second lieu, il évoque les principaux procédés néologiques à l’aide d’exemples présentés en tableaux synoptiques. À la fin de l’article, apparaît un index alphabétique de la plupart des formes lexicales données en exemple.

Lorsqu’il rappelle les notions de base en néologie, L.-E. Hamelin discute également du terme néologie selon quatre points de vue : 1. son sens limité; 2. le sens de l’élément suffixal -logie; 3. la composition du terme; 4. la confusion entre la création et l’étude des mots nouveaux. Il suggère de remplacer néologie et sa famille lexicale par néonymie et ses dérivés. Il est sans doute l’un des premiers à avoir fait cette suggestion. La définition du concept de « néologie » est suivie d’une suite de remarques sur la nécessité des néologismes. De nombreux exemples d’application étayent les observations de l’auteur. Il évoque aussi le besoin d’édicter des règles de procédure, une stratégie de l’acte de désignation, reprenant en cela des objectifs énoncés par plusieurs linguistes et terminologues. Les principales qualités requises d’un néologisme sont ensuite énumérées : adaptabilité graphique, sémantique, phonétique et insertion dans la langue.

La seconde partie reprend à l’aide d’une pléthore d’exemples (plus de 300) tirées de la géographie québécoise et canadienne, les grands procédés néonymiques : dérivation, composition, influx sémantique, modification graphique, numérotation, emprunt, création sans base (ex nihilo).

Cet exposé sur la néologie géographique est le fait d’un praticien constamment confronté aux lacunes lexicales qu’il faut combler en recourant aux désignations nouvelles. L’auteur soulève par ailleurs le délicat problème du rapport entre la création lexicale générale en français et les spécificités régionales, en l’occurrence ici, celles du Québec. Il souligne que pour l’État québécois le recours à la néologie constitue un élément majeur pour réaliser l’aménagement linguistique. Il est ensuite facile d’extrapoler cette démonstration.

14. Rostislav Kocourek, La langue française de la technique et de la science, Wiesbaden, Oscar Brandstetter Verlag GMBH & Co. KG, 1982, 262 p.

Ce livre apparaît dès l’abord comme l’un des premiers écrits qui étudie l’ensemble de la théorie de la terminologie. Après l’ère des descriptions méthodologiques et des travaux divers ainsi que celle des panoramas des « écoles terminologiques », l’ère des ouvrages de réflexions approfondies s’instaure. Le titre même du livre montre bien la généralisation et la place importante de la terminologie parmi les autres sciences du langage.

La problématique terminologique du français est examinée en cinq chapitres d’inégales longueurs. Le livre commence (p. 11-32) par délimiter la langue de spécialité en scrutant ses aspects sémiotique, linguistique et fonctionnel. L’auteur trace ensuite les variations et identifie les dichotomies du langage terminologique avant d’en esquisser les caractéristiques sommaires. Au chapitre deux (p. 33-85), ce sont les spécificités linguistiques de la langue technique et scientifique qui sont envisagées. Ces caractères concernent surtout la cohérence textuelle, la condensation syntaxique, le mode impersonnel des phrases, la nominalisation, la précision des termes et les ressources graphiques. R.K. montre aussi que les grammaires traditionnelles excluent ou négligent cette part importante du fonctionnement langagier. Le troisième chapitre (p. 86-157) est réservé à l’étude proprement lexicologique des termes. Cette partie occupe à elle seule près du tiers du livre. La formation et la signification des termes forment les deux pôles du chapitre. Un long développement sur la néologie analyse les principaux procédés morphologiques et sémantiques de la créativité lexicale terminologique. Le cas échéant, des typologies illustrent les possibilités de création. Le chapitre quatre (p. 158-179) porte sur la structure terminologique, c’est-à-dire qu’il étudie les concepts fondamentaux inhérents à la recherche terminologique, tels la définition, la synonymie, les champs lexicaux et sémantiques, les systèmes notionnels et les aspects syntagmatiques. Le dernier chapitre (p. 180-204) est centré sur les applications et les perspectives de la terminologie. L’enseignement, la traduction et la normalisation font l’objet d’incursions comparatives avec la terminologie. Une indispensable bibliographie (p. 207-234) de quelques centaines de titres permettra aux chercheurs de cheminer dans les méandres terminologiques. Le livre s’achève par un index thématique.

Ce livre donne véritablement ses lettres de noblesse à la terminologie en la faisant sortir de ses ornières traditionnelles. Les aspects théoriques et pragmatiques des langues techniques et scientifiques sont ainsi structurés et replacés dans le grand jeu linguistique. L’emploi multiple d’exemples empruntés à une panoplie de textes spécialisés respecte l’un des principes fondamentaux de la terminologie qui, sous peine de sécheresse, ne peut s’observer que dans son milieu de fonctionnement naturel.

15. Ahmed Lakhdar-Ghazal, Méthodologie générale de l’arabisation de niveau, Rabat (Maroc), Institut d’études et de recherches pour l’arabisation (IERA), 1976, 120 p.

Deux parties, ainsi qu’une conclusion, forment l’armature de cet opuscule consacré à l’arabisation linguistique du Maroc c’est-à-dire à la substitution de la langue nationale au français qui constitue la langue étrangère dans ce pays. Le livre veut démontrer d’abord comment la langue arabe peut exprimer les réalités contemporaines avec la même efficacité que le français et ensuite établir que les modes de transmission et de diffusion de l’arabe soutiennent adéquatement la comparaison avec la langue étrangère.

La première partie expose les problèmes de l’arabisation qui sont subdivisés en deux catégories : les éléments théoriques de la terminologie en langue arabe et les questions relatives à la transmission de la langue. La situation de bilinguisme dans les pays arabes a posé la problématique de l’arabisation sous l’angle de la traduction avant tout, ce qui a permis d’identifier dans toute leur ampleur les difficultés terminologiques. Les outils de traduction existants sont évoqués d’abord les ouvrages bilingues qui partent de l’arabe; enfin les ouvrages monolingues arabes. La terminologie dans les dictionnaires (hétéronymes, synonymes, facteurs de perturbation de la terminologie) et les lacunes de la terminologie permettent des incursions et des explications sur l’emprunt et la nécessité de la néologie en langue arabe. Ces observations expliquent en grande partie les raisons du retard terminologique des pays arabes. Les problèmes de la transmission de la langue arabe se résument surtout aux difficultés d’assurer un enseignement efficace et aux carences constatées dans la diffusion de l’imprimé.

La deuxième partie développe en trois points les principes généraux de la méthodologie préconisée par l’IERA pour réaliser l’arabisation. Premièrement, le potentiel linguistique de l’arabe est exploré sur le plan terminologique et à partir des possibilités fondamentales de la langue arabe. Puis, la stratégie de la mise en ordre du lexique est passée en revue et fondée sur la recherche lexicologique et l’exploitation lexicographique. Enfin, une esquisse d’une méthode de travail en néologie est tracée; elle est accompagnée d’une typologie de la néologie.

La conclusion de cette étude sur l’arabisation linguistique du Maroc s’articule autour de la réforme indispensable de l’imprimerie (écriture et suggestion d’un nouveau système) et de la nécessité de développer des relations extérieures, c’est-à-dire d’établir et d’entretenir des contacts avec d’autres partenaires du monde arabe et avec tous ceux qui sont convaincus qu’il est préférable d’accéder à la connaissance par le moyen de sa propre langue.

16. Néologie et lexicologie. Hommage à Louis Guilbert, coll. « Langue et langage », Paris, Librairie Larousse, 1979, 224 p.

Précédé d’une bibliographie des travaux de Louis Guilbert, ce collectif réunit 21 études portant sur d’importants problèmes du lexique. Les hommages sont articulés autour des deux axes majeurs des recherches lexicologiques récentes que sont la néologie lexicale et la sociolinguistique. Les contributions qui intéressent la néologie s’orientent autour des mécanismes de la créativité lexicale, de l’intégration graphique des mots nouveaux, des critères de reconnaissance des néologismes terminologiques, de la néologie dans ses rapports avec l’idéologie, des pouvoirs néologiques de la métonymie ainsi que du fonctionnement réel de la néologie dans une langue terminologique comme l’informatique. Les préoccupations sociolinguistiques sont au centre des articles qui explorent le discours et la pensée politiques, le discours syndical enseignant et la compétence lexicale. Les réflexions portant sur la phrase et le syntagme dérivationnel collent davantage à la linguistique théorique. Les notions de dérivation affixale (suffixe -itude et motivation préfixale), de microsociolinguistique dialectale, de littérature, de linguistique historique et de lexicographie complètent le tableau des recherches lexicologiques présentées dans ce livre.

Néologie et lexicologie est un ouvrage de recherche qui indique des directions variées et qui trace des chemins pour ceux qui cherchent à bien comprendre et à bien maîtriser les mécanismes fondamentaux et multidirectionnels de la néologie. Des aspects les plus littéraires aux plus linguistiques, des plus théoriques aux plus pratiques, des plus généraux aux plus terminologiques, chacune des voies de la néologie est scrutée selon des points de vue polyvalents et complémentaires. Aucun d’entre eux n’offre de solution définitive; aucun non plus n’est l’antagonisme de l’autre. Le livre regroupe des contributions qui montrent hors de tout doute qu’il n’y a pas de néologie lexicale viable hors des contextes multiformes de la société. Tous les discours, qu’ils soient politique, social, professionnel, dialectal, etc., sont interrogés par une brochette de contributeurs dont les expériences plurielles les rendent aptes à s’approprier chacun à leur manière un fragment de la néologie et de la lexicologie afin de répondre à des questions essentielles ou encore d’en poser d’autres tout aussi fondamentales. Ces contributions gravitent autour de la linguistique sociale; elles forment un corps de doctrines issu de mains distinctes mais qui verse au dossier de la néologie un ensemble de témoignages cohérents. Somme toute, une suite d’événements linguistiques qui postulent un discours sur le lexique.

Auteurs

R. Adda, J. Bastuji, K. Bochmann, H. Bonnard, J.-C. Boulanger, J. Bourquin, N. Catach, J.-P. Colin, Ph. Dresco, J.-L. Fossat, B. Gardin, A. Geoffroy, M. Giuglio, L. Guespin, J. Heslot, J.-P. Leduc-Adine, G. Lefèvre, Ch. Marcellesi, J.-B. Marcellesi, M.-F. Mortureux, A. Pétroff, J. Peytard, C. Robine, M. Tournier, R.-L. Wagner.

17. La néologie lexicale, in Langages, vol. 8, no 36, décembre 1974, Paris, Didier/Larousse, 128 p.

Cette publication est le fruit d’une équipe de recherche associée au CNRS travaillant sur le processus de formation de nouvelles unités lexicales. Elle ne présente pas les résultats des recherches de l’équipe; elle soulève plutôt une problématique qui concerne à la fois la théorie et la méthodologie de la néologie. Le corpus de travail qui a servi de base à la réflexion est constitué par des énoncés qui proviennent du discours politique utilisé à l’occasion des élections législatives de 1973 en France.

À partir de la théorie et du modèle générativistes, les interventions de trois des chercheurs ont porté sur la néologie sémantique et l’aspect morphosyntaxique de la néologie lexicale considérée dans le cadre de la phrase. Trois autres contributions examinent successivement le sentiment néologique, les rapports entre la néologie et le dirigisme linguistique ainsi que les aspects sociolinguistiques de la néologie. Les problèmes méthodologiques et théoriques de l’énonciation, les rapports entre la néologie et les fonctions du langage forment un troisième bloc d’étude et d’analyse. Enfin, deux expériences sur l’informatique comme instrument de recherche en néologie et sur le traitement informatique de la néologie terminent la série des réflexions théoriques. Une bibliographie rassemblant une centaine de titres suit les articles.

En lisant cet ouvrage collectif, le lecteur constatera que la question du sentiment néologique du locuteur est au centre des préoccupations et qu’il existe des niveaux de compétence néologique qui varient selon les individus. Quant à elle, la compétence néologique nécessite une certaine sanction de la communauté. Cette officialisation sociale viendra du dictionnaire dont le décalage par rapport au mouvement de la langue est bien connu. Il reste cependant le seul point d’ancrage permettant d’effectuer des comparaisons. Ce numéro de Langages est le reflet des grandes hésitations théoriques sur le lexique et particulièrement sur son aspect le plus mouvant, la néologie lexicale. Ce coup d’oeil générativiste et sociolinguistique sur la créativité lexicale française était indispensable pour révéler les circonstances sociales de la productivité du lexique.

Auteurs

D. Baggioni, J. Bastuji, Ph. Dresco, B. Fauveau, B. Gardin, L. Guespin, L. Guilbert, A.-M. Laurian, G. Lefèvre, Ch. Marcellesi, M.-F. Mortureux, A, Pétroff.

18. Alain Rey, Usages, jugements et prescriptions linguistiques, in Langue française, no 16, décembre 1972, p. 4-28.

Cet article tente de définir d’une manière générale des concepts fondamentaux comme « loi », « règle » et « norme ». Il demeure encore aujourd’hui une étude de premier plan pour bien saisir et situer la norme. Il comporte cinq parties qui permettent de progresser du « normal » jusqu’à la « norme ».

Dans un premier temps, l’auteur veut examiner sur quelles bases la scientifisation de la norme peut s’ébaucher, étant entendu que l’idéologie joue un rôle central dans ces conceptualisations. L’auteur pose les deux jalons de sa démarche explicative : la situation objective et statistique et le faisceau d’intentions subjectives. Mais avant de définir la norme observée et la norme élaborée, il fait une incursion historico-étymologique du côté du normal et du normatif. Il entremêle à son analyse les concepts de « loi », de « norme » et de « règle » tout en assortissant ses remarques de considérations philosophiques. Puis, il situe son intervention sur le strict plan du langage, la norme étant scrutée à partir de la problématique linguistique, dont en particulier le concept d’« usage », qui est soumis à l’idéologie dans une communauté linguistique.

La seconde partie de l’article développe la norme objective qui apparaît comme une abstraction. Partant de la théorie de Hjelmslev en passant par Coseriu et Chomsky, Alain Rey expose rapidement les conceptions de quelques linguistes sur la langue et la norme objective. Puis, il envisage le sens autoritaire, prescriptif de la norme dans une troisième partie consacrée au cheminement qui conduit du jugement de valeur à l’attitude normative. On y rencontrera une pluralité de sous-normes soumises à des jugements de hiérarchisation (allant du meilleur au pire, du grammatical à l’agrammatical) qui dépendent de la structure socioculturelle de la communauté francophone. Les jugements s’exercent sur des usages et des comportements de langage. Ils reflètent manifestement la conscience d’une structure sociale. La norme prescriptive est donc une construction, un pseudosystème obtenu par la sélection des types d’usage à retenir et des éléments à éliminer.

La quatrième partie porte sur le discours de la norme. Ce discours informe les locuteurs sur les choix prescrits. Il règle, définit, évalue, dit le droit et identifie le bon usage de la langue. L’analyse sémantique, sociologique et psychanalytique de ce métadiscours reste encore inexplorée.

Enfin, en dernière partie, la norme est mise en parallèle avec le purisme. L’auteur fouille ce dernier concept dans l’optique lexicographique : ne sont cités dans les dictionnaires de langue que les grands auteurs classiques et contemporains consacrés par la société. Par ailleurs, la norme puriste est toujours prescriptive, fortement sélective et elle ne tolère aucun écart par rapport au modèle prédéfini de la langue, même si la norme objective démontre le contraire. L’une de ses constantes est le refus systématique du changement historique. Rey pense que le purisme devrait céder sa place à un interventionnisme motivé et explicite. À ce sujet, quelques éléments de comparaison avec la situation québécoise sont évoqués.

19. Alain Rey, Le lexique : images et modèles. Du dictionnaire à la lexicologie, coll. « Linguistique », Paris, Librairie Armand Colin, 1977, 309 p.

L’ouvrage regroupe des textes déjà parus dans diverses revues de linguistique ou ailleurs à partir de 1965. L’auteur a remis à neuf, remanié et augmenté ces textes. Leur assemblage forme un tout cohérent issu de réflexions sur la pratique lexicographique, la sémantique, l’analyse de discours, la sociolinguistique et la sémiotique. En arrière plan, se profilent les orientations théoriques de l’auteur qui privilégie l’abord épistémologique et anthropologique du lexique. Il l’étudie comme modèle théorique harmonisé, tel que le conçoivent les linguistes, et comme objet historique et anthropologique complexe. En filigrane, quelques fines observations sur la terminologie sont perceptibles.

La première partie du livre est consacrée aux dictionnaires (p. 9-152). Elle décrit l’activité lexicographique et ses produits. Cinq chapitres- traitent successivement des dictionnaires de langue (sémantique lexicographique; faits linguistiques décrits; métalangue; dictionnaire historique), de la définition et de l’état de la lexicographie actuelle du français (théorie et description; modèles d’utilisation; dictionnaires généraux pour la période 1967 à 1977). La seconde partie comprend trois chapitres (p. 153-200). Elle s’arrête sur les modèles et les sciences du lexique. Y sont développées des réflexions à propos du concept de « lexicologie » (statuts concrets de la lexicologie; articulation du lexique dans le système langagier; définitions du lexique, de la lexicalité; systématicité du lexique; lexicologie comme science-carrefour; lexicologie et lexicographie), de la sémantique lexicale comme modèle pédagogique du lexique et des limites du lexique (étude des problèmes du mot et de la phrase). La dernière partie propose des exercices de lexicologie descriptive (p. 201-271). Un premier exercice de lexicologie diachronique étudie un ensemble de termes définis conceptuellement dans un corpus de nature littéraire.

Il s’agit, en fait d’une étude de sémantique lexicale diachronique. Puis deux autres études diachroniques portant chacune sur une unité lexicale isolée suivent : le mot sarabande et le terme adjectival roman. Enfin, la description d’un champ morphosémantique exceptionnellement régulier quoique soumis à l’arbitraire des normes sociales : les mots français en anti-.

Le livre montre bien le cheminement de l’image métalinguistique élaborée par le dictionnaire aux modèles de la lexicologie descriptive. Ces pages illustrent les relations nécessaires entre la linguistique (et la philologie) et la sociologie (et les autres sciences humaines) sous le double aspect complémentaire de la consistance théorique et de l’adéquation à l’objet empirique.

20. Alain Rey, La terminologie. Noms et notions, coll. « Que sais-je? », no 1780, Paris, Presses universitaires de France, 1979, 128 p.

Ce petit livre est divisé en trois chapitres d’inégale longueur. Il se veut un ouvrage introductif à la discipline terminologique. Le premier chapitre intitulé « Origines et génèse » (p. 3-15), retrace les grandes étapes dans la constitution d’un besoin et d’une activité spécifique qui cherchera bientôt à s’automatiser sous la forme d’une « science des termes ». À l’aide d’un vocabulaire plutôt philosophique et de considérations historiques, A. R. construit ce chapitre autour des termes nomenclature et terminologie. En outre, un regard de l’âge classique à aujourd’hui montre comment la terminologie s’est érigée en « corps de connaissances » détaché de son statut modeste de simple aide à la traduction.

Le second chapitre (p. 16-51) s’attache aux problèmes théoriques de la terminologie, le premier d’entre eux concernant le statut même de la terminologie. L’auteur plaide en faveur de l’existence de la terminologie comme théorie car sans bases théoriques au moins implicites, il n’est guère possible de parler d’une pratique, la terminographie. D’où une distinction nette entre terminographie, qui renvoie à l’activité pratique et descriptive, et terminologie, qui désigne l’aspect théorique. L’unité terminologique, le nom, les systèmes de signes font l’objet de considérations qui permettent de lier le linguistique au terminologique. L’auteur discute ensuite de la pertinence terminologique des termes notion et concept; il opte pour ce dernier parce qu’il fait partie de la norme philosophique la plus usuelle. L’auteur qualifie la définition d’élément indispensable en terminologie et il la situe à la croisée de la lexicographie et de l’encyclopédie. Elle permet aux noms de fonctionner comme termes. Les différents systèmes conceptuels ou notionnels sont ensuite examinés à l’aide de démonstrations épistémologico-philosophiques.

Les pratiques terminologiques forment le troisième chapitre (p. 52-120). Plus accessible sur le plan du vocabulaire, il rassemble un amalgame de données sur les besoins et les moyens terminologiques, sur la description et le contrôle des terminologies (problématique, procédures, méthodes, travaux terminologiques et terminographiques) et enfin sur les institutions et les types d’intervention (par secteur d’activité, par l’administration étatique, par la normalisation internationale, etc).

La conclusion de ce petit livre est toute tournée du côté de la sociolinguistique, étant entendu que la terminologie veut répondre aux besoins de communication individuelle ou institutionnelle manifestés dans la société.

21. Alain Rey, Encyclopédies et dictionnaires, coll. « Que sais-je? », no 2000, Paris, Presses universitaires de France, 1982, 128 p.

Ce livre qui releve du plus haut savoir culturel et encyclopédique, vient enrichir la production métalexicographique et métaencyclopédique sans cesse provignante. Il ne s’attache guère à des comparaisons entre les deux principales catégories de produits lexicographiques modernes, dont l’un décrit des choses (l’encyclopédie) et l’autre définit des mots (le dictionnaire). Malgré le titre à deux volets, l’encyclopédie occupe la place prépondérante dans la description de l’auteur. Le terme dictionnaire doit être compris dans son sens élargi de « dictionnaire encyclopédique » et non pas dans celui de « dictionnaire de langue ». Le livre n’est pas un traité de rédaction d’une encyclopédie, ni un manuel pratique sur la conception d’un tel ouvrage. C’est par et dans l’histoire que l’encyclopédie est livrée au lecteur.

Deux parties subdivisent l’ouvrage. La première, intitulée « Encyclopédies et dictionnaires : Problématiques », examine des rapports entre les deux grands genres lexicographiques. L’auteur y retrace les éléments de ressemblance et de différence entre le dictionnaire et l’encyclopédie. Il mène le lecteur à travers les concepts fondamentaux comme les définitions et les désignations, les structures textuelles et les rapports entre texte et images, chaque genre étant tributaire de conditions de réalisation qui répondent à des besoins précis et définis.

La seconde partie, intitulée « L’histoire : du projet encyclopédique à l’encyclopédie », est plus linéaire; elle prend la forme d’un survol chronologique commenté des activités encyclopédiques universelles à travers le temps et l’histoire. La description s’achève par des considérations à propos des aventures encyclopédiques du 20e siècle. Ainsi, l’Antiquité, le haut Moyen

Âge occidental, l’Islam classique, l’Asie ancienne et l’Occident marquent les repères temporels pour la description historique. L’héritage occidental est replacé dans le juste cadre des contributions de l’Islam, de l’Asie et du monde antique au projet encyclopédique.

Encyclopédies et dictionnaires permet de mieux comprendre le désir immémorial de l’Homme de consigner toute la représentation du monde afin d’actualiser sans cesse son fantasme du savoir total.

22. Wallace Schwab, Marie-Claire Mattot, Odile G. Rémillard, Recueil des textes législatifs sur l’emploi des langues, coll. « Documentation », Conseil de la langue française, Québec, l’Éditeur officiel du Québec, mars 1979, p. V.

L’objectif de cet ouvrage documentaire est de présenter d’une manière la plus exhaustive possible les multiples législations sur l’emploi des langues qui existent au Québec et dans d’autres juridictions du monde. Le recueil se compose de huit chapitres traitant chacun d’un groupe de législations bien localisées : le Québec, le Canada, les provinces canadiennes, la France, la Belgique, la Suisse, les Communautés européennes et le Conseil de l’Europe. Chaque chapitre se termine par des index lexicaux.

Les textes présentés ont été sélectionnés en fonction de leur actualité : aussi les auteurs n’ont-ils retenu que les législations en vigueur au moment des recherches, et ceci afin de limiter le temps de la recherche, sans compter que le regroupement de toutes les lois présentes et passées eût donné des dimensions trop vastes au recueil.

Les auteurs rappellent en avant-propos que l’initiative qui consiste à promulger des avis pour défendre une langue n’a rien d’original en soi, puisque plusieurs pays ont inséré dans leurs lois des dispositions ayant trait à la langue. La Charte de la langue française du Québec fait œuvre de précurseur parce qu’elle définit la portée de la loi, tant en droit public qu’en droit privé. Ce recueil est un instrument de premier ordre pour apprendre aux autres comment légiférer sur l’emploi des langues.

Plusieurs dizaines de textes législatifs sont reproduits en tout ou en partie dans l’ouvrage. On y trouve trois types de textes : des textes législatifs proprement dits, des textes d’application et des déclarations de principe. Pour la Suisse, ces textes prennent la forme de dispositions confédérales ou cantonales. Quelques textes concernant les provinces canadiennes sont publiés en anglais.

Ces huit chapitres législatifs avaient antérieurement été publiés sous la forme de cahiers séparés afin de les rendre disponibles plus rapidement. Le texte du recueil général est identique à celui qui apparaît dans les publications séparées. Pour cette raison, la pagination est faite par chapitre.

Le recueil a une grande valeur documentaire et il est destiné avant tout à la consultation.

23. Séminaire de terminologie franco-arabe, Tunis, juillet 1978, coll. « Langage et linguistique », Tunis, Institut Bourguiba des langues vivantes, 1980, 150 p.

Les exposés présentés au cours du séminaire de terminologie franco-arabe sont groupés autour de quatre thèmes.

Le premier thème examine l’état des travaux terminologiques dans le monde arabe et dans le monde francophone. Les interventions arabes effectuent un survol rapide des travaux généraux et du vocabulaire des mathématiques en langue arabe. Trois intervenants francophones décrivent d’abord les travaux de terminologie de langue française à partir entre autres des rapports que la terminologie entretient avec d’autres disciplines comme la linguistique, la documentation, la traduction, l’informatique, etc., puis expliquent les ressources terminologiques qu’un organisme comme l’Institut de la langue française (CNRS-France) peut mettre à la disposition des chercheurs arabes. Enfin, un dernier exposé traite de la traduction et de la terminologie aux Nations-Unies. Le second thème s’attarde à faire l’inventaire des problèmes méthodologiques rencontrés dans la réalisation des objectifs. La terminologie médicale arabe, les problèmes et carences de la création lexicale arabe contemporaine constituent l’apport arabe. Quant au texte francophone, il examine la problématique de la terminologie sous le double aspect des distinctions entre la lexicographie et la terminologie, et des difficultés communes aux deux disciplines. Le troisième thème aborde les éléments fondamentaux de la méthodologie et de la formation des terminologues. Trois exposés expliquent les problèmes de la langue arabe en informatique à partir de l’expérience de l’Institut d’études et de recherches pour l’arabisation (IERA). Une contribution décrit les aspects polyvalents de la formation des terminologues tout en proposant un programme axé sur l’enseignement théorique et pratique. Le dernier thème donne un aperçu des ressources nécessaires à la gestion des stocks terminologiques sur les plans arabe et mondial. Sont évoqués également les problèmes méthodologiques rencontrés dans la réalisation des travaux multilingues tels qu’ils se déroulent à la CEE (Communauté économique européenne), tant en ce qui regarde le travail terminologique proprement dit que sa gestion informatique. Enfin, le modèle canadien du Bureau des traductions fait l’objet d’une intervention. Une synthèse et des recommandations suivent les seize communications.

Procédant à la fois d’un constat et d’une conviction, le séminaire de terminologie franco-arabe a mis en lumière les problèmes de terminologie qui pourront se résoudre facilement, ceux qui semblent poser des difficultés particulières et ceux qui paraissent insolubles. Les actes démontrent à l’envi le désir de gérer l’activité terminologique afin de rationaliser et d’harmoniser les choix en vue d’obtenir une réponse arabe qui soit cohérente pour relever le défi de l’avenir technico-scientifique en langue arabe. À l’évidence, l’arabisation passe elle aussi par le défi terminologique.

Auteurs

B. de Bessé, J.-C. Boulanger, F. Cestac, A. Lakhdar Ghazal, R. Goffin, G. Gorcy, A. Hadjsalah, Ph. Le Quellec, M. Mahasseni, B. Quemada, A. Rey, N. Richier, G. Romerio, M. Souissi.

24. Travaux de terminologie et de linguistique, no 1, coll. « Études, recherches et documentation », Québec, Office de la langue française, Éditeur officiel du Québec, janvier 1982, 108 p.

Les textes contenus dans ce recueil sont relatifs à des problèmes de théorie et de méthodes en terminologie, tels qu’ils ont été rencontrés, analysés et, parfois, résolus par les terminologues de l’Office de la langue française. Six contributions très différentes sont donc rassemblées dans ces TTL.

Le premier texte porte sur les niveaux de langue en terminologie (p. 9-20). C’est à partir de convergences entre les langues de spécialité et la langue générale et la néologie que l’auteure examine des critères pour déterminer le degré de technicité d’un terme. Le domaine auquel un terme appartient joue un rôle déterminant lors du classement dans une grille.

De même, le choix de la langue de référence est lié aux décisions politiques d’un organisme comme l’Office de la langue française qui peut prôner l’alignement inconditionnel sur le français international ou une forme d’autonomie linguistique qui tient compte de la problématique des régionalismes.

La deuxième contribution porte sur le provignement des noms propres (p. 21-39), c’est-à-dire sur la productivité dérivationnelle des noms de personnes ou de lieux. L’auteur fournit une liste des divers modes de provignement suffixaux. Quoique la majeure partie du texte s’appuie sur la langue générale, l’auteur fait une bonne incursion, du côté de la terminologie qui ne reste pas insensible à ces dérivés. Le texte suivant rassemble des réflexions sur la problématique des gentilés au Québec (p. 41-61). Des préoccupations de francisation et d’aménagement linguistique ont poussé l’auteur à s’intéresser aux termes désignant les habitants d’un lieu (pays, ville, etc.). La perspective de cette étude est évidemment terminologique et toponymique. Une autre étude pragmatique scrute les problèmes qui se posent au sujet de l’entrée terminologique (p. 63-71). L’auteure fait état des difficultés pratiques rencontrées par le terminologue lors de l’élaboration d’un vocabulaire ou d’un lexique, particulièrement dans le cas des syntagmes. La cinquième étude porte sur les marques déposées (p. 73-85) en terminologie. Celles-ci posent de nombreuses difficultés au terminologue. Tantôt, elles sont difficiles à reconnaître parce qu’elles se confondent avec des termes plus usuels; tantôt, elles entrent en concurrence synonymique avec d’autres termes; tantôt, encore, elles se concurrencent entre elles. L’auteure démonte également les mécanismes multiples de leurs modes de formation qui sont loin d’être toujours orthodoxes. Enfin, une dernière contribution a pour but d’étudier certains problèmes de l’emprunt lexical en rapport avec la situation linguistique du Québec (p. 87-106). L’auteur donne un bref aperçu historique de l’emprunt, puis il présente et discute les arguments en faveur de l’aménagement de l’emprunt lexical; il conclut sa première partie par une présentation des efforts d’aménagement lexical ailleurs qu’au Québec. Il discute ensuite les différentes typologies de l’emprunt proposées par des linguistes.

Il termine en esquissant quelques réflexions sur le calque et la place de l’emprunt en français général.

Auteurs

M. Cayer, J.-Y. Dugas , H. Dupuis , A. Fortin, J. Maurais.

25. Pierre Trescases, Le franglais vingt ans après, coll. « Langue et société », no 5, Montréal, Guérin éditeur limité, 1982, 150 p.

Depuis Étiemble qui l’a propulsée sur la place publique et portée à son paroxysme la polémique contre le franglais ne s’est jamais complètement apaisée. Le combat anti-emprunt est devenu une croisade politico-linguistique qui a culminé un peu partout dans la francophonie par des législations linguistiques plus ou moins coercitives. Ce livre, dont le canevas était déjà réalisé en 1978, s’insère dans cette croisade sous la forme d’un bilan ou d’un constat. Il n’est pas précurseur de la reprise des hostilités, ni d’une nouvelle confrontation entre les opposants et les tenants du franglais.

De l’Édit de Villers-Cotterêts à la loi française du 31 décembre 1975, l’auteur brosse un parallèle entre l’emprunt à l’italien de la Renaissance et celui à l’anglo-américain d’après la Seconde Guerre mondiale. Le premier chapitre compulse des données quantitatives et qualitatives pour les domaines du lexique, de la morphologie, de la phonologie et de la syntaxe. Le mouvement d’emprunt se cantonne presque essentiellement au lexique et cet aspect retiendra désormais l’attention de l’auteur. L’énoncé des faits relève d’une vision purement descriptive.

Le second chapitre illustre en premier lieu les apports italiens et anglais au lexique français puis, d’une manière toute statistique, les échanges lexicaux entre le français et l’anglais au cours de leur histoire respective. C’est dans ce même chapitre que le partage sémantique est accompli entre les termes anglicisme et américanisme, qui sont parfois confondus à tort. Le chapitre trois décrit les attitudes de la France à travers son histoire récente envers le pays (crise du pays) et envers la langue (crise de la langue), comportement dont l’apogée s’exacerbe dans le francocentrisme immédiatement après la guerre. Un nationalisme linguistique sourd de la période appelée la croisade (1957-1967). Les mythes renaissantistes et rivaroliens sont alors à l’honneur à propos de la langue. Le chapitre quatre retrace sous une forme typologisée les attitudes face à l’emprunt : attitudes positives, négatives, dirigistes, polémiques. Le dernier chapitre est centré sur l’interprétation de la polémique contre le franglais. Une fois encore le parallèle est révélé entre les italianismes et les américanismes. En postface, l’auteur montre qu’aujourd’hui le mouvement d’opposition à l’emprunt a vécu, tout au moins sous sa forme polémique étiemblienne. Les circonstances linguistiques et culturelles ont changé pour laisser la place à des visions renouvelées des concepts comme la norme, le purisme, les législations linguistiques.

L’auteur analyse presque exclusivement le français de France négligeant les autres français régionaux. L’empreinte de la langue anglaise sur le français est résumée par p. T., qui fait également resurgir les causes extralinguistiques ayant permis de déboucher sur une « défense organisée », dont les aboutissements principaux ont pris la forme de législations linguistiques diverses plus ou moins coercitives ou incitatives.

Liste des auteurs

Adda (R.), 16

Agron (P.), 2

Archimbaud (R.), 1

Auger (P.), 1

Bachrach (J. A.), 2

Baggioni (D.) , 17

Bastuji (J.), 16, 17

Berner (K. E.), 2

Bessé (B. de), 2, 23

Bochmann (K.), 16

Bonnard (H,), 16

Boulanger (J.-C.), 1, 16, 23

Bourquin (J.), 16

Boutin-Quesnel (R.), 1

Brugière (M.), 2

Brunold (H. p.), 2

Catach (N.), 16

Cayer (M.), 21

Cestac (F.), 2, 23

Clerc (M.-G.), 2

Cloutier (F.), 2

Colin, (J.-P.), 16

Corbeil (J.-C.), 1, 3

Courtin (J.) , 2

Diki-Kidiri (M.), 4

Dresco (Ph.), 16, 17

Dubois. (C.), 7

Dubois (J .), 5, 6, 7

Dugas (J.-Y.), 24

Dupuis (H.), 24

Fauveau (B.), 17

Felber (H.), 2

Forget (M.), 2

Forgues (S.), 2

Fortin (A.), 24

Fortin (J.-M.), 1, 2

Fossat (J.-L.), 16

François (P.), 2

Frontard (R.), 2

Gardin (B.), 16, 17

Gauthier (F.), 1

Geoffroy (A.), 16

Giuglio (M.), 16

Glaus (F.), 1

Goffin (R.), 2, 23

Grandjean (E.), 2

Gorcy (G.), 23

Guespin (L.), 16, 17

Guilbert (L.), 2, 8, 9, 10, 11, 12, 17

Hadjsalah (A.), 23

Hamelin (L.-E.), 13

Harvey (R.), 1

Heslot (J.), 16

Joly (H.), 2, 4

Kerpan (N.), 1

Kocourek (R.), 14

Lakhdar-Ghazal (A.), 15, 23

Larose (P.-É.), 2

Laurent (J.), 2

Laurian (A.-M.), 17

Lebel-Harou (L.), 2

Leduc-Adine (J.-P.), 16

Lefèvre (G.), 16, 17

Le Quellec (Ph.), 2, 23

Mahasseni (M.), 23

Maniez (J.), 2

Marcellesi (Ch.), 16, 17

Marcellesi (J.-B.), 16

Mariée (M.), 2

Mattot (M.-C.), 22

Maurais (J.), 24

Mercier (J.), 1

Michel (J.), 2

Mortureux (M.-F.,), 16, 17

Moureau (M.), 2

Murcia (C.), 4

Pare (M.), 2

Pelletier (G.), 2

Pessis-Pasternak (G.), 2

Pétroff (A.), 16, 17

Peytard (J.), 16

Quemada (B .), 23

Reichling (A.), 2

Rémillard (O.G.), 22

Rey (A.), 2, 18, 19, 20, 21, 23

Richier (N.), 23

Robine (C.), 16

Romerio (G.), 23

Rondeau (G.), 1

Rousseau (L.-J.), 1

Schwab (W.), 22

Scrivener (Ch.), 2

Sliosberg (A.), 2

Souissi (M.), 23

Tchirikoff (A.), 2

Tessier (Ph.), 1

Tournier (M.), 16

Trescases (P.), 25

Veillon (G.), 2

Wagner (R.-L .), 16

Yanez (A.), 2

Zareba (L.), 2

Notes

[1] Voir Jean-Claude Boulanger, « Louis Guilbert et la néologie », in Terminogramme, no 9, septembre 1981, p. 4-7; Bibliographie linguistique de la néologie : 1960-1980, 1. Études linguistiques, coll. « Études, recherches et documentation », Québec, Office de la langue française, Éditeur officiel du Québec, novembre 1981, 292 p.; « Petite bibliographie linguistique et lexicographique de la néologie », in TermNet News, nos 2/3, 1981, p. 47-72. Une importante liste d’errata est jointe à cette dernière.

[2] Cette bibliographie est intitulée : Bibliographie sélective de la terminologie. Il s’agit d’un projet subventionné par le CIRELFA. Voir aussi le projet plus vaste d’une bibliographie sur la terminologie préparée par les mêmes concepteurs, en collaboration avec Infoterm : Bibliographie internationale de la terminologie. Un exposé de la méthode comportant 68 pages a été publié par le GIRSTERM (Université Laval) en 1979.

Référence bibliographique

BOULANGER, Jean-Claude (1984). « Petite bibliographie analytique : terminologie et néologie », Travaux de terminologie, no 3, janvier, p. 151-203. [bibliographie]